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4768. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 6 février 1751.

J'ai bien reçu votre relation du 27 dernier. Pour ce qui regarde la France, je puis vous confirmer encore ce que je vous ai déjà marqué, que le ministère de Versailles voit bien plus clair que ce qu'il y a de ses ministres en dehors, et qu'il a autant d'attention qu'on le saurait avoir, pour suivre les allures des deux cours impériales et celle d'Angleterre, sans se laisser faire des illusions.

Quant à la cour de Copenhague, il est vrai qu'on ne saurait pas encore juger avec précision sur le pli qu'elle prendra; cependant il s'en faut beaucoup encore qu'on puisse conclure qu'elle irait quitter son système présent, qui est le plus conforme et le plus naturel à ses intérêts, pour retourner à un autre qui l'exposerait à de grands inconvénients, et peut-être y aura-t-il moyen de la conserver dans la bonne voie et de serrer les liaisons où elle est avec la Suède. C'est en conséquence que vous, de même que le comte Barck, ferez bien d'observer de près la conduite et le comportement du ministre de Danemark, toujours cependant sans inquiétudes, parceque les choses ne sont pas encore au point qu'on saurait envisager le Danemark comme perdu et détaché.

Le rapport que vous m'avez fait de la conversation que vous avez eue avec le comte Chotek,1 m'a fait plaisir, et j'ai été bien aise d'apprendre qu'il est encore en des principes aussi raisonnables. Nous attendons la résolution de la cour de Vienne à ce sujet; cependant le plus sûr et le plus convenable moyen que je puis envisager pour sortir bientôt de toute contestation là-dessus, c'est de laisser le status quo de 1739.

Dans ma précédente, au sujet de la vente de mes domaines en Hollande, j'avais oublié de vous dire que, quoique jusqu'ici votre confident n'ait pas paru trop porté pour acheminer l'affaire à son but, vu les difficultés qu'il vous a faites, vous saurez pourtant l'assurer d'une reconnaissance réelle de [ma] part, quand il s'emploiera avec effet pour que l'affaire tourne à mon souhait.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Ein Postscript zu Klinggräffen's Bericht vom 27. Januar beginnt: „Le comte Chotek me rendant hier une visite d'amitié, le connaissant depuis plusieurs années de Munich (vergl. Bd. V, 1), je fis tomber la conversation insensiblement sur l'affaire du commerce, l'engageant d'en parler comme deux amis et non en ministres. Après bien des pourparlers, il me dit que ce qui, selon lui, empêchait que le commerce et les dettes de la Silésie ne fussent réglés, ne sortait que d'un fond de méfiance entre les deux cours. On a remarqué par la réponse faite au comte de Puebla qu'on était d'opinion à Berlin que, si une fois on avait réglé l'affaire des dettes, cette cour ne se soucierait plus de remettre le commerce sur le pied où il était avant la guerre, et qu'il semblait qu'on était ici du sentiment que, une fois le commerce remis quoique il prétende prouver clairement que ce fût contre les intérêts de Votre Majesté — on ne se presserait guère pour les dettes de la Silésie. Vergl. S. 217. 229.