4453. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION FRÉDÉRIC DE VOSS A COPENHAGUE.

Potsdam, 8 août 1750.

C'est avec bien de la satisfaction que j'ai vu ce que vous m'avez marqué par votre dépêche du premier de ce mois, touchant la dernière conversation que vous avez eu avec l'abbé Lemaire.44-2 Ce sont de très bonnes choses que tout ce qu'il a dit, et il a raison d'appuyer à ce que la Suède se mette dans un meilleur état de défense en Finlande.

Il faut cependant que vous l'avertissiez qu'il n'a nullement tenu à moi à ce que la chose ne soit déjà faite, et qu'il s'en fallait bien que mon ascendant dans les affaires de Suède allât au point que je savais disposer du ministère de Suède à mon gré, puisqu'il y avait depuis plus d'un an44-3 que j'avais fait des instances continuelles et pressantes à ce qu'on pourvût suffisamment à la défense de la Finlande, sans qu'il ait<45> été effectué présent; d'ailleurs ce n'est pas depuis aujourd'hui que j'ai connu la faiblesse du comte Tessin;45-1 il y a peu d'occasions où il n'a pas fait remarquer sa timidité. Mais ce qu'il y a de meilleur dans cette situation, c'est que les ostentations présentes de la Russie ne sont que des bruits vains et des rodomontades que les gazetiers ont adoptés pour en imposer le public, puisqu'il est constaté que de tout ce que les Russes prônent de leurs arrangements, il n'en est pas la moitié dans la réalité. Au surplus, selon mes idées, il n'est pas nécessaire que la France et moi nous nous réglions sur les ostentations des Russes, pour en faire autant quand ceux-ci en font; tout au contraire, pourvu que nous soyons fermes et bien concertés ensemble, il paraît que nous marquons de notre côté du mépris pour tout ce que la Russie remue, quand nous ne prenons point de mesures sérieuses dans le temps que celle-ci se donne tous les mouvements pour étaler ses ostentations. Je crois, de plus, qu'il serait mutile que nous fassions des démonstrations de notre côté dans le temps où nous savons pour certain que la Russie n'entreprendra rien contre la Suède, comme sûrement elle ne le fera pas pendant le cours de cette année, où les alliés de Russie ne forment leurs cabales politiques que relativement aux affaires de l'Empire, par rapport à l'élection d'un roi des Romains, et pour grossir leur parti dans l'Empire.

Au reste, pour fortifier et affermir les ministres de Danemark dans leurs bons sentiments, vous pouvez bien leur dire, quoique seulement par manière de discours, que, s'il arrivait que la Suède fût insultée, je ne l'abandonnerais certainement point. Vous en parlerez aussi à l'abbé Lemaire, pourqu'il lui plaise de s'énoncer de la même façon envers les ministres danois, quand il trouvera l'occasion convenable.

Federic.

Nach dem Concept.



44-2 Vergl. S. 41. 42.

44-3 Vergl. S. 15.

45-1 Vergl. Bd. V, 347. 353; VI, 190. 275. 302. 347. 360; VII, 56.