4607. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 4 novembre 1750.

Milord. Le hasard ayant fait parvenir encore entre mes mains une lettre écrite à Munich qui a suivi celles que je vous communiquai par ma lettre du 10 dernier,139-2 j'ai cru devoir vous en adresser une copie, vous priant de vouloir toujours m'en garder le dernier secret et de ne la confier jamais à la poste en la faisant passer à votre cour. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nous sommes sur le point de conclure à Brunswick. J'ai trouvé une défaite pour gagner du temps, mais je suis dans un grand embarras et je désire l'arrivée du courrier139-3 avec empressement, afin de savoir précisément ce que le roi de France voudra qu'on fasse.

Copie d'une lettre de Munich du 15 octobre 1750.

Après avoir longtemps et avec beaucoup d'impatience attendu ici la résolution finale du ministère anglais sur les dernières représentations faites d'ici, le courrier porteur de la ratification du traité de subsides est enfin arrivé et a apporté en même temps de la part du comte de Haslang les pièces justificatives de sa conduite dans cette affaire. L'une et l'autre a donné une entière satisfaction tant à l'Électeur qu'à son ministère. Ceux surtout qui étaient pour la conclusion de ce traité et<140> qui avaient à combattre les intrigues du parti palatin qui a ainsi fait retarder l'envoi des ratifications d'ici, ont ressenti bien de la joie de l'avoir emporté contre leurs adversaires, qui ont été bien capots d'avoir manqué leur coup. Comme j'avais des ordres de Leurs Majestés Impériales de sonder préalablement par une demande de vive voix les intentions de l'Électeur sur son suffrage pour l'élection du roi des Romains, je crus, pour ne rien commettre, devoir conférer avec M. le comte de Kœnigsegg sur les dispositions de la cour de Cologne. Celui-ci me manda que Son Altesse Électorale ne s'était pas encore positivement déclarée sur cet article; mais ayant, en attendant, trouvé l'occasion favorable, je fis, en conséquence de mes ordres, la proposition et remportai d'abord une réponse assez satisfaisante.

Sur ces entrefaites, le courrier étant de retour, et toutes les difficultés se trouvant aplanies, cette cour et celle de Cologne n'ont plus balancé à se déclarer en faveur de cette dite élection, et depuis une couple de jours j'ai même remis à l'Électeur les lettres de réquisition formelle des deux Majestés pour ledit suffrage. J'espère d'obtenir sans délai une réponse aussi positive que favorable.

Ceci est important et nous assure la pluralité des suffrages dans le Collège Electoral, qui, à mon avis, et selon les plus fameux publicistes, doit suffire. Il est vrai qu'il n'y a aucune loi positive à cet égard, la Bulle d'Or ne parlant que d'un roi des Romains qui est élu imperio vacante. Mais comme la même Bulle d'Or établit la pluralité des voix pour l'élection d'un empereur, pourquoi, à plus forte raison, ne suffiraitelle point dans l'élection d'un roi des Romains?

Il y aura donc encore des obstacles à lever; car, outre que de la part de cette cour-ci on souhaiterait beaucoup que les différences qui subsistent encore entre notre cour et celle de Manheim, fussent aplanis, celle de Cologne monte bien haut les conditions auxquelles elle veut donner son suffrage, et l'on dit que la cour de Dresde n'en fait pas moins.


Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris; der Zusatz zu dem Schreiben eigenhändig. Die Beilage nach der von Tyrconnell eingesandten Abschrift.



139-2 Nr. 4549 S. 97.

139-3 Vergl. S. 110.