4644. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 24 novembre 1750.

J'ai bien reçu votre rapport du 7 de ce mois. La dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, vous instruira amplement sur l'évènement qui vient d'arriver, de ce que le sieur Gross vient de recevoir l'ordre de sa cour, par un courrier qu'elle lui a dépêché, de partir incessamment d'ici pour revenir à Pétersbourg.

Quoiqu'il n'ait laissé entrevoir jusqu'ici si, avant que de partir, il se congédiera formellement ou non, je veux cependant bien vous confier sous le sceau du dernier secret que je sais de bon lieu que son départ est fixé à la fin de ce mois ou tout au plus au 1er de celui-ci qui vient; qu'il a mis secrètement en dépôt auprès du ministre d'Angleterre ici quelques papiers avec ses meubles et hardes qu'il ne saurait amener avec soi, et qu'en conséquence des ordres de sa cour il s'en ira sans prendre ses audiences de congé, et de faire là-dessus tout comme il fit lorsqu'il sortit, aussi, de la France sans s'y congédier.

Vous comprendrez aisément qu'un procédé aussi peu amiable, et surtout si le cas arrive que le sieur Gross parte sans s'être congédié, ne saurait que m'obliger de vous rappeler également de la cour de Pétersbourg pour retourner ici; ainsi je vous en avertis d'avance et vous ordonne de prendre vos sûretés par rapport à tous vos papiers, de brûler surtout ceux qui regardent la correspondance immédiate que vous et votre prédécesseur avez eue avec moi, de même que tous ceux où il est fait mention de quelques amis, ou qui sont ailleurs de conséquence;<166> d'avoir un soin extrême de vos chiffres et de vous arranger dans vos autres affaires particulières en sorte qu'au premier ordre qui vous parviendra de ma part de partir de Pétersbourg de la même manière que le sieur Gross l'a fait d'ici, vous soyez à même de vous mettre incessamment en chemin pour revenir ici.

Mais comme je souhaiterais cependant d'avoir alors, et malgré votre absence, des nouvelles de ce qui se passera d'intéressant dans ce payslà, vous parlerez confidemment au ministre de Suède, Greiffenheim, ou au sieur Lagerflycht s'il n'y avait pas moyen qu'en attendant ils donnassent de ses nouvelles par des lettres bien chiffrées au ministre de Suède qui réside à ma cour, afin que celui-ci m'en instruise. J'écrirai même à la cour de Stockholm, pour demander son agrément à ce sujet.166-1

Au reste, je me remets en tout ceci sur votre fidélité, prudence et savoir-faire, afin d'agir de façon, si l'ordre de revenir ici vous arrive, que ma dignité ne soit point blessée, ni soit aucun préjudice dans mes affaires. Aussi, si mon ordre vous parvient de quitter la cour de Russie sans vous en congédier, vous ferez bien de brûler vos chiffres, dès que vous n'en aurez plus besoin.

Federic.

Nach dem Concept.



166-1 Der entsprechende Immediaterlass an Rohd in Stockholm ist vom 24. November.