4868. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 3 avril 1751.

J'ai bien reçu votre dépêche du 22 passé avec la feuille séparée que vous y aviez jointe. Outre la satisfaction que j'ai eue de voir que M. de Puyzieulx continue de penser toujours aussi bien qu'il le fait sur la situation présente des affaires publiques, il m'a fait bien du plaisir d'apprendre qu'il se tient assuré de ce que l'Espagne ne se laissera point imposer par les Anglais et qu'elle ne prendra point le change. Au surplus, il peut compter que je me tiendrai toujours sur mes gardes contre les embûches que mes voisins envieux et jaloux voudraient me<318> dresser, et que je continuerai d'agir envers la France sur le même pied que j'ai fait depuis quelque temps. En attendant, ce qui pourrait changer le jeu dans ces circonstances critiques, c'est de recevoir de bonnes nouvelles de la Turquie. Nous venons d'avoir des lettres de Dresde qui nous marquent que le vice-chancelier de Pologne vient de recevoir une lettre du Grand-Général de l'armée en conséquence de laquelle trois différents corps de Tartares turcs ont fait une invasion sur le territoire des Cosaques de la dépendance de la Russie, sous prétexte de chercher des chevaux qui leur avaient été enlevés, et que les Cosaques moscovites avaient été bien maltraités des Tartares; le Grand-Général doit avoir ajouté que les Cosaques s'étaient révoltés à cette occasion, en refusant de reconnaître le comte Rasumowski pour leur chef. Reste à voir combien tout cela est fondé et si cela aura des suites ou non.

Federic.

Nach dem Concept.