4983. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 29 juin 1751.

J'ai bien reçu vos dépêches du 4 et du 7 de ce mois avec la feuille séparée que vous m'avez adressée à moi seul. Je suis parfaitement content des assurances que M. de Mirepoix vous a données sur la façon invariable de penser de la France relativement à raffermissement de la tranquillité du Nord. Ce sera aussi le seul moyen qu'il y a pour arrêter et même pour anéantir les mauvais desseins que les deux cours impériales n'ont point du tout quittés encore, malgré les efforts qu'elles font pour les dissimuler et pour jeter de la poudre aux yeux des autres. Car je ne veux point vous laisser ignorer, quoique pour votre direction unique, et avec défense expresse de n'en parler à âme qui vive, ni d'en faire la moindre mention dans les duplicata de vos dépêches au département des affaires étrangères, que je viens d'être averti par un bon canal que la cour de Russie est intentionnée, pourvu qu'elle voie un peu succéder ses vues en Suède, de retirer ses troupes des frontières de la Finlande suédoise et de les joindre aux forces qu'elle a actuellement dans la Livonie et la Courlande au voisinage de mes frontières de Prusse. Comme il n'est point du tout à douter que cela ne soit un nouveau jeu qu'on fera faire à la Russie à l'instigation des cours de Londres et de Vienne pour me brider par là, vous devez savoir cependant que, si même ce dessein s'exécute, je m'en embar<389>rasserai très peu et ne laisserai pas, n'ayant que des vues droites et justes, d'aller toujours mon grand train, et je vous ordonne à ce sujet que, quand il arriverait que la Russie retirerait ses troupes de la Finlande et les joindrait aux autres de la manière susdite, et qu'on viendrait alors vous parler là où vous êtes sur un pareil évènement, vous deviez tout écouter avec bien de l'indifférence et n'y répondre autre chose sinon qu'il était permis à chaque puissance de faire tels arrangements dans ses États que bon lui semblait.

Federic.

Nach dem Concept.