5032. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE RRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 29 juillet 1751.

Milord. Vous serez apparemment déjà instruit de ce que depuis peu de jours un courrier anglais est venu passer par Berlin pour aller porter des dépêches de sa cour à Pétersbourg.

Comme mes lettres d'Hanovre que j'ai reçues hier, marquent que ce même courrier, en arrivant là, avait rendu des dépêches au ministère d'Hanovre, de même qu'au ministre impérial, le sieur Vorster, dont on prétendait savoir qu'elles avaient eu pour objet l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, à laquelle, en conséquence d'autres lettres arrivées à Hanovre, le roi d'Angleterre et son ministère travaillaient fort sérieusement, pour l'acheminer à leur gré à sa perfection — j'ai réfléchi sur ces nouvelles, que cependant je ne saurais vous garantir comme tout-à-fait vraies, mais que je ne vous donne que telles<418> que je les ai reçues. Il m'est venu donc dans l'esprit que les dépêches que le susdit courrier porte à Pétersbourg, pourraient bien rouler sur le même objet, et qu'apparemment la cour de Londres voudra mener celle de Pétersbourg à ce qu'elle fît, à l'occasion du nouveau plan de l'Angleterre pour faire constater l'élection, quelque déclaration forte et même quelque nouvelle ostentation, afin d'imposer par là à ceux qui voudraient s'opposer à l'élection.

Si telle est effectivement l'intention du roi d'Angleterre, je pense qu'il saurait bien se blouser là-dessus, parceque ceux qui de bon droit voudront s'opposer à l'élection, ne voudraient pas [moins] poursuivre leur chemin, sans s'arrêter aux déclarations que la Russie saurait faire, et qu'en conséquence la cour de Londres pourrait bien saigner du nez relativement à son dessein. Voilà, Milord, comment je pense sur cet objet ; je vous prie d'y vouloir réfléchir un peu et me marquer après de quelle façon vous sentez là-dessus. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.