5158. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 26 octobre 1751.

Milord. J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 15 de ce mois. Comme elle ne me présente guère d'objets qui demandent de nouvelles instructions pour vous, il me suffit de vous dire qu'outre l'amitié avec M. de Puyzieulx que je vous conseille de cultiver toujours soigneusement, vous ferez bien de lier une amitié étroite avec le comte de Saint-Séverin, dont l'expérience du temps passé m'a appris qu'il est le plus ferme entre tous les ministres de France.

Au reste, vous vous souviendrez que j'ai désiré de vous que vous cherchiez une occasion convenable pour vous enquérir confidemment auprès les ministres de France quelles mesures ils pensent de prendre, quand le roi d'Angleterre viendra l'année qui vient dans ses États en Allemagne pour conduire l'affaire de l'élection d'un roi des Romains à sa perfection, et s'il y avait de l'espérance encore de faire revirer<499> l'électeur de Bavière à nous; car il paraît assuré que, si nous ne pouvons emporter la pluralité des voix relativement à cette élection, nous risquerons que le roi d'Angleterre la fera passer malgré notre opposition.

Au surplus, comme on fait tant de bruit en France des dépenses que Madame de Pompadour fait faire au roi de France, auxquelles on veut attribuer le dérangement des finances, je souhaiterais bien que vous m'éclaircissiez sur ce qui en est et en quoi consistent proprement ces dépenses sur lesquelles l'on se récrie tant, de même si ces dépenses vont aussi loin qu'on les débite; car s'il n'y avait que deux ou trois cent mille écus que le Roi dépensait par an à son égard, il me paraît que l'objet ne serait pas aussi grand pour un roi de France pour qu'on jetât la pierre à sa maîtresse par rapport à la disette de l'argent qu'on dit régner en France.

Federic.

Nach dem Concept.