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Quant aux affaires de Pologne, j'ai été bien aise de voir, par ce que vous m'en avez marqué, que vous avez réussi à réveiller ce ministre, pour que ces affaires fassent plus d'impression sur son esprit que par le passé. J'ai ordonné à ce sujet à mes ministres qu'ils vous doivent instruire exactement de tout ce que nous avons eu d'avis des brigues et des trames qui se font en Pologne relativement à la Diète future.

J'ai trouvé fort sensément ce que vous me marquerez que le sieur de Wall vous a dit1 sur le traité qui a été signé à Madrid2 entre les cours d'Espagne et de Vienne; je souhaiterais seulement que tout ce que vous avez fait de remarques solides au sieur de Wall, fît la même impression sur les ministres d'Espagne qu'il m'a paru qu'ils ont faite sur lui.

Federic.

Nach dem Concept.


5456. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 21 mai 1752.

Il s'en faut bien que la cour de Madrid ait attendu l'arrivée du comte de Migazzi pour signer le traité, et je veux bien vous dire pour votre direction seule que j'ai appris par un très bon canal3 que le portrait qu'on a fait à la susdite cour de ce nouveau ministre, qu'on a dépeint comme un sujet extrêmement rusé et fin, qui mettrait tout en usage pour rendre ce traité aussi avantageux qu'il pourrait à sa cour, a été cause que les ministres d'Espagne, pour se dérober aux embarras qu'il leur méditait, ont pris le parti de signer avant son arrivée. L'on m'a ajouté que la signature du traité avait été faite entre l'Espagne et la cour de Vienne, sans que les ministres de Sardaigne et de l'Angleterre y aient pris part. Au surplus, l'on m'assure que les avantages que la cour de Vienne retirait de ce traité, se bornaient uniquement à avoir causé du refroidissement entre les cours de France et de Madrid dont celle de Vienne se promettait de tirer parti avec le temps, et qu'il ne fallait chercher plus de finesse là-dessus.

Je vous sais bon gré de ce que vous continuez d'attention sur les mouvements que milord Hyndford s'est donnés aussi relativement aux affaires de l'Ostfrise.4 Quoiqu'il me surprenne que le roi d'Angleterre charge un ministre anglais d'une affaire parfaitement étrangère à l'Angleterre, je pense pourtant que la cour de Vienne se gardera bien d'entrer là-dessus avec milord Hyndford, mais qu'elle tâchera plutôt d'éloigner une affaire aussi scabreuse que celle-ci, ou qu'elle y mettra des longueurs infinies, vu qu'elle est trop clairvoyante pour ne pas s'apercevoir que ce n'est pas par des chicanes d'un procès qu'on ôte à des Princes qui peuvent soutenir leurs droits de mains armées, des provinces dont ils



1 Vergl. Nr. 5456.

2 18. April 1752.

3 Vergl. Nr. 5455.

4 Vergl.