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s'imagine. Je tâcherai de l'y engager. C'est un homme sûr, qui a la confiance du parti, il a de grandes terres et ne voudrait par conséquent point faire l'aventurier. Il peut aller comme voyageur à Berlin. Il est actuellement en Angleterre, mais je crois qu'il doit venir bientôt ici. Soyez sûr, Sire, que je ne vous commettrai point, que ni le prince Edouard ni personne que cet homme seul n'en sera informé, excepté seulement qu'on saura qu'un tel homme a été à Berlin s'il y va publiquement, ce qui pourrait donner à penser au gouvernement d'Angleterre; et, s'il y va privément, il ne pourra voir que Votre Majesté et mon frère. Je ne puis cependant pas répondre que ses affaires lui permettent de faire le voyage; mais je le crois et je suis quasi sûr qu'il y ira avec plaisir. Si Votre Majesté a envie de l'entendre, qu'Elle me donne Ses ordres. En attendant, je tâcherai de le faire venir ici, pour ne point perdre de temps.“

a envoyé un courrier au comte Albemarle, avec la réponse qu'on a remise à mon chargé d'affaires sur son mémoire,1 pour la communiquer à la cour de Versailles, et, à ce qu'on dit, pour qu'il insinue en même temps que Sa Majesté Britannique serait charmée que la France voulût employer ses bons offices auprès de moi pour chercher à me convaincre de la légitimité des démarches de l'Angleterre dans cette affaire et pour m'engager en même temps à revenir des résolutions que j'avais prises sur l'arrêt des fonds de Silésie. L'on ajoute que les ministres anglais avaient tenu de pareils propos au marquis de Mirepoix, qui, charmé de l'occasion pour les obliger,2 en avait tout de suite rendu compte à sa cour. Vous veillerez donc de fort près sur M. de Saint-Contest, afin que les impressions que le lord d'Albemarle voudrait lui donner, ne le détournent nullement des sentiments justes et favorables à nous qu'il a bien marqués autrefois à ce sujet. Et comme vous avez en mains la copie du mémoire que mon chargé d'affaires à Londres a présenté ci-devant au ministère anglais, avec l'exposé des motifs qui m'ont fait procéder à cette démarche,3 ils vous fourniront assez d'arguments pour faire en sorte que M. de Saint-Contest ne se laisse point tourner par le lord Albemarle. Ce que je vous recommande bien, en me reposant à cet égard sur votre habileté reconnue.

Federic.

P. S.

Après avoir déjà fini ma dépêche, je viens de voir à mon grand étonnement une lettre qu'on m'a communiquée en m'engageant à la promesse du dernier secret, écrite du prince Louis de Würtemberg à un général autrichien, en conséquence de laquelle il lui propose un de ses amis qui servait actuellement en France, où des circonstances singulières l'avaient amené, mais qui aimait sa patrie, sa maison ayant été de tout temps attachée à celle d'Autriche, où elle avait eu les premiers emplois dans l'armée, et qui par sa naissance était en droit à demander un régiment, d'autant plus qu'il était colonel en France, où l'on ferait l'impossible de l'y fixer, et que les services que ce jeune homme pourrait



1 Vergl. S. 349 Anm. 1.

2 Vergl. S. 318.

3 Vergl. S. 176 Anm. 2; 225.