5418. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 18 avril 1752.

Il me paraît par la réponse que les ministres de France vous ont donnée en conséquence de votre rapport du 7 aux différentes insinuations que vous leur avez faites, qu'ils les ont prises sur un pied assez froid; c'est ce qui me fait appréhender qu'ils ne restent dans leur inaction et qu'ils n'envisagent les conséquences préjudiciables que quand il n'y aura plus temps de les redresser. Pour moi, j'ai la consolation, au moins, d'avoir agi en tout ceci en ami et allié fidèle de la France et d'avoir averti de bonne heure les ministres de tout ce qui lui saurait<91> porter tort et préjudice. Mais si ce ministère continue dans son extrême indolence, il n'en Saura arriver autrement que les ennemis de la France arracheront entre ses mains toute son influence dans les affaires de l'Europe.

Au reste, comme le chambellan d'Ammon vient de me marquer que sa négociation sur un traité de commerce, qui avait été presque au point d'être mis à sa perfection,91-1 venait de prendre un fort mauvais pli, par de nouveaux incidents que M. de Trudaine y avait mis, j'ai ordonné au sieur d'Ammon91-2 de vous en instruire en détail, et mon intention est que vous devez vous expliquer là-dessus avec M. de Saint-Contest, en lui disant en termes honnêtes, mais un peu secs, que c'était sur les différentes insinuations et instances que feu milord Tyrconnell m'avait faites de la part de sa cour91-3 de ses intentions de faire avec moi un traité de commerce sur le pied de celui des Hollandais et d'envoyer quelqu'un à Paris pour régler le tout, que j'y avais envoyé le chambellan d'Ammon; mais qu'il y avait au delà de seize mois que toutes les peines que celui-ci s'était données et toutes les facilités qu'il y avait apportées pour mener l'affaire à sa maturité, avaient été infructueuses, par les entorses sans fin qu'on y avait mises, en sorte qu'il n'y avait presque rien fait jusqu'à présent. Que je prie donc M. de Saint-Contest de vouloir bien me donner cette marque de son amitié, en me déclarant catégoriquement si peut-être l'envie qu'on avait marquée autrefois de faire un traité de commerce avec moi, était passée et qu'on aimait mieux de rompre la négociation là-dessus, ou si l'intention était encore de conclure, auquel cas je le priais de ne pas me laisser plus languir. J'attendrai votre rapport précis sur la réponse que vous aurez.

Federic.

Nach dem Concept.



91-1 Nach Ammon's Bericht, Paris 2. April, war der in Aussicht genommene geheime Artikel (vergl. S. 58) dem Marquis von Saint-Contest als bedenklich bezeichnet worden; Saint-Contest schlug vor, die von Preussen gewünschten Handelsvortheile statt durch einen förmlichen Vertrag durch eine Declaration zuzusichern.

91-2 Unter dem 18. April.

91-3 Vergl. Bd. VIII, 87.