5429. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 25 avril 1752.

J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 14 de ce mois. Puisque M. de Saint-Contest souhaite que je voudrais bien lui faire communiquer par vous la réponse que j'étais résolu de donner à la cour de Vienne, quand elle ferait demander ma voix en faveur de l'Archiduc aîné pour son élection, vous direz au susdit ministre que je pensais invariablement de la même façon sur cette affaire que j'avais fait auparavant et que je l'avais communiqué à la France. Que j'agirais dans cette affaire avec tout désintéressement par rapport à mes<99> propres intérêts, que je n'aurais d'autres vues que le maintien de la constitution de l'Empire et de l'Allemagne, que j'insisterais que l'Électeur palatin fût indemnisé de ses justes prétentions d'une manière équitable, mais que pour le reste je ne mêlerais rien de mes propres intérêts à cette occasion-là, ni ne ferais aucun marché avec la cour de Vienne qui saurait regarder mes avantages.99-1

Vous verrez par là que c'est tout conformément à ce que je vous ai déjà marqué par une de mes dépêches antérieures,99-2 touchant la réponse que j'ai fait donner par le sieur de Dewitz à Vienne, quand le baron de Koch est venu lui faire des insinuations au sujet de ma voix à donner en faveur de l'élection de l'Archiduc; aussi m'y tiendrai-je et ne mêlerai même jamais avec l'affaire de l'élection les différends où je suis encore avec la cour de Vienne au sujet de quelques points du dernier traité de paix fait entre moi et elle. Que, si elle veut agir conformément à ce qui y est stipulé par rapport aux dettes de Silésie et touchant le commerce réciproque, si même elle veut faire à cette occasion un traité de commerce avec moi, à la bonne heure; mais jamais je n'en ferai une condition pour donner ma voix en faveur de l'archiduc Joseph. L'unique chose que je désire passionnément à ce sujet, c'est que l'Électeur palatin eût une satisfaction équitable sur ses prétentions, ainsi que je souhaiterais que la France commençât à présent de se déclarer là-dessus à la cour de Vienne et que la première s'expliquât sur ce qu'elle trouvait juste des prétentions dudit Électeur, ou ce qu'elle y trouvait un peu outré. Vous insinuerez tout cela de la manière la plus convenable à M. de Saint-Contest et me ferez votre rapport détaillé au plus tôt possible de ce qu'il vous aura répondu. Au reste, tout lui sera fidèlement communiqué ce que la cour de Vienne me proposera sur cet objet.

Quant au sieur Aldecoa, je souhaiterais bien que vous sachiez renouer avec lui cette conversation dont vous m'avez rendu compte, afin de pouvoir peut-être tirer plus d'éclaircissements de lui si la négociation de Madrid ne cache pas d'autres objets encore plus importants que ceux dont le public est informé, et s'il n'y a des articles séparés et secrets qu'on ajoutera à la convention de la neutralité en Italie qu'on est sur le point de signer. Au surplus, je souhaite ardemment que le ministère de France eût cette attention sur l'Espagne qu'elle mérite bien. Car bien que cette convention ou traité que celle-ci va conclure avec l'Impératrice-Reine, l'Angleterre et la cour de Turin, ne soit point naturel et conforme à ses véritables intérêts, et que ce traité pourrait rester sans succès à la suite du temps, il est cependant bien à considérer que ladite démarche de l'Espagne saura produire pour le moment présent des choses nuisibles et très préjudiciables à la France; considération que vous tâcherez à faire valoir auprès de M. de Saint-Contest.<100> Au reste, je souhaite que vous m'expliquez si c'est proprement le sieur de Carvajal ou le marquis d'Ensenada qui est le plus contraire aux intérêts de France et qui penche du côté des Anglais et des Autrichiens.

Federic.

Nach dem Concept.



99-1 Vergl. Bd. VIII, 174. 177. 200. 210.

99-2 Nr. 5400 S. 77.