5768. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 13 février 1753.

Votre dépêche du 2 de ce mois m'a été bien rendue. Les raisons que M. de Saint-Contest vous a alléguées pourquoi il croit qu'on saurait tabler sur la fermeté de l'Électeur palatin, m'ont paru être d'assez de poids; il me semble à moi-même qu'il se prête à présent de bien bonne grâce à ce que ses vrais intérêts demandent qu'il fasse, et je serai charmé si la présence de M. de Vergennes l'y fortifie.337-2

Vous remercierez bien obligeamment M. de Contest de ma part de toutes les facilités qu'il a bien voulu apporter à l'affaire de la convention de commerce,337-3 pour que j'en puisse voir bientôt la fin.

Quant à la conduite de la cour de Danemark, je conviens de toutes les bonnes raisons pourquoi il n'y aurait à croire que cette cour eût un dessein formé contre la Suède; il m'est même incroyable que le Danemark voudrait venir à des éclats contre quelque puissance; mais ce que je ne saurais concilier ensemble, c'est les grands frais qu'il dépense pour ses apprêts de guerre et l'embarras où il s'en met, puisque mes lettres de Copenhague me confirment que le roi de Danemark fait négocier actuellement un emprunt d'un million d'écus dans ses États. Il ne me paraît pas vraisemblable que, pour sauver une forêt337-4 dont peut-être la valeur ne va au-delà [de] 200[000] écus, il voudrait faire la dépense d'un million. Enfin, il n'y a que le temps qui saura nous résoudre ce problème; en attendant, selon mes lettres, les affaires y vont toujours le même train, les fréquentes conférences continuent entre les ministres337-5 et le sieur de Bernstorff, qui donne<338> toujours les plus belles assurances au ministre de Suède et les plus fortes protestations d'amitié pour l'endormir. On prétend s'apercevoir dans la façon d'agir de Bernstorff qu'il voudrait aspirer à dominer le Nord et surtout de faire marcher la Suède selon ses vues, et l'on dit que c'est en quoi le bon naturel du ministre suédois le sert encore parfaitement, qui continuait à s'éloigner de M. Lemaire et de mon ministre,338-1 pour complaire au baron de Bernstorff.

Federic.

Nach dem Concept.



337-2 Vergl. S. 330.

337-3 Vergl. S. 306.

337-4 Vergl. S. 267.

337-5 Vergl. S. 333.

338-1 Vergl. S. 332.