5867. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Berlin, 21 avril 1753.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois, à l'occasion duquel je veux bien vous informer409-1 d'un avis qui m'est revenu par un bon canal de Vienne, et en conséquence duquel le ministre autrichien à Copenhague, le comte de Rosenberg, a mandé à sa cour qu'après que le sieur Titley, ministre d'Angleterre, avait fait la proposition au roi de Danemark que, pourvu qu'il voudrait se contenter des mêmes subsides que la France lui avait stipulés par son traité qui allait expirer l'année qui vient,409-2 l'Angleterre était prête de les lui payer sur le même pied, et que cette proposition avait été reçue favorablement et acceptée de la part de la cour de Danemark, circonstance assez intéressante dont vous ferez usage auprès M. de Saint-Contest pour l'en informer confidemment.

Je dois d'ailleurs vous marquer que je suis averti qu'il y a actuellement force de machinations entre les cours de Vienne, d'Hanovre et de Dresde, qu'on cache cependant bien soigneusement. A la vérité je n'ai pas encore été assez heureux pour avoir pu pénétrer sur quel sujet ces machinations roulent proprement, ni ce que ces cours pensent d'entreprendre, mais les différents arrangements militaires qu'elles font sous mains, et d'autres circonstances encore, m'inspirent des soupçons qu'il s'y agit d'un projet à former contre moi et que la course que le chevalier Williams a faite à Vienne, a principalement pour objet de régler les concerts par rapport à ce projet, dont je n'ose pas encore affirmer s'il est offensif ou défensif. En attendant, je veux bien que vous en fassiez part à M. de Saint-Contest, quoique avec la précaution que vous ne lui nommiez point la Saxe, vu que je me persuade que d'abord il ne vous répondrait que sur mes différends avec celle-ci sur les billets de la Steuer,409-3 et que par cette considération là vous ne touchiez d'autre corde avec lui que celle des manigances des cours d'Hanovre et de Vienne pour agir d'un concert commun contre moi, et je serai bien aise de savoir de vous de quelle manière ce susdit ministre se sera expliqué envers vous à ce sujet.

Vous le sonderez à cette occasion encore si la cour de Londres ne s'est plus expliquée envers celle de France au sujet de mes différends avec l'Angleterre touchant l'affaire des déprédations commises par ses armateurs contre mes sujets commerçants.

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Au surplus, comme je souhaiterais fort d'être bien informé des concerts que la cour de Londres voudrait prendre avec celle de Vienne à mon égard, et que je sais que vous avez assez d'amis confidents en Angleterre qui pourraient assez s'orienter là-dessus, je serais bien aise que vous leur écriviez, pour vous informer d'eux s'il est vrai que la cour de Vienne eût offert au roi d'Angleterre de vouloir me déclarer la guerre, supposé qu'il voudrait y prendre part, et comment cette offre avait été reçue de la part de celui-ci.

Federic.

Nach dem Concept.



409-1 Dieselbe Mittheilung erhält unter dem 24. April Häseler in Kopenhagen.

409-2 Vergl. Bd. VII, 66.

409-3 Vergl. S. 385.