5868. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

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Michel! berichtet, London 10. April: „Si Votre Majesté continue par Sa réplique de mettre arrêt sur les dettes de la Silésie pour indemniser Ses sujets, je crois de mon devoir de Lui faire connaître que, bien loin d'en être content ici et de laisser tomber l'affaire-, on se croira toujours insulté et obligé de prendre des mesures en conséquence. C'est sur ce pied-là que les ministres s'en expliquent avec leurs amis, et c'est par ce motif qu'ils ont parlé avec tant de hauteur et de fermeté à la France. Le sieur Pelham entre autres, qui jusqu'ici s'est refusé à toutes sortes de mesures violentes, a avoué, il y a quelques jours, à une personne non suspecte que, si Votre Majesté continuait d'aller Son train, il se verrait obligé bon gré mal gré d'adopter les idées de son frère, le duc de Newcastle, et de prendre des mesures pour soutenir l'honneur de la couronne et de la nation. Que c'était pour éviter ces extrémités qu'il avait tardé de se déterminer jusques à ce que Ton sût ce que Votre Majesté aurait à répliquer, et la France à dire. Mais en même temps il me revient par d'autres canaux très sûrs et sur lesquels je puis compter, qu'on serait bien aise ici que cette affaire n'occasionnât pas de suites, et qu'on ne serait pas éloigné de donner une satisfaction raisonnable à Votre Majesté, pourvu qu'Elle ne la fixât pas Elle-même en mettant arrêt sur le fonds de la Silésie, dont on voudrait qu'Elle achevât le payement suivant le contrat, sans garder ce fonds pour nantissement, et que cela se fît à l'amiable, par une espèce de négociation particulière qui fût

Berlin, 24 avril 1753.

J'ai reçu à la fois vos rapports du 10 et du 13 de ce mois. Quant à celui que vous m'avez adressé seul et immédiatement, j'ai été satisfait de la franchise avec laquelle vous vous êtes expliqué sur ce qui regarde mes différends avec l'Angleterre, et que vous ne m'ayez rien caché à ce sujet. Je dois cependant vous dire que je ne m'écarterai pas de mon droit chemin et que les menaces ne feront jamais impression sur moi, pour ne rien dire de ce qu'on trouverait bien extraordinaire que pour un objet d'une si mince importance que c'est la somme de 40 ou 50,000 livres sterling l'on voudrait parvenir à des hostilités ouvertes, sans réfléchir aux suites, et que d'une manière ou d'autre il faudra bien qu'on me fasse justice sur mes prétentions légitimes et très fondées de l'aveu même de beaucoup des Anglais. Mais comme, malgré cela, je ne veux point m'obstiner à refuser tout accommodement honorable à ce sujet, je veux bien vous permettre que vous fassiez adroitement et sous main des insinuations là où vous le croyez utile et convenable que, si l'on voulait s'ouvrir à vous

sans conséquence et ne servît pas de planche aux sujets des autres puissances neutres et amies qui ont été dans le même cas que ceux de Votre Majesté pendant la dernière guerre,411-1 Sans quoi il paraît très difficile, par l'aigreur, le mécontentement et la fermentation qu'il y a dans la nation par rapport à cette affaire, que les ministres puissent éviter de prendre des arrangements qui lui montrent qu'on veut soutenir son honneur et sa gloire. La propre sûreté des ministres en dépend, et c'est là un objet si essentiel pour eux que, quelque dangereuses qu'en soient les conséquences, ils en courront plutôt les risques que de rendre leur administration précaire. Les ministres anglais agissent ordinairement sur ce principe, et nous en avons eu assez d'exemples pendant la dernière guerre et depuis la paix pour prouver que le véritable intérêt de la nation et ce qu'un citoyen doit à sa patrie, n'ont pas toujours été des motifs suffisants pour diriger le système de cette cour, d'abord que l'intérêt particulier du ministre en pouvait souffrir et le mettait à même de rendre sa situation chancelante. Voilà, Sire, des observations que mon zèle et mon attachement à Son service m'ont engagé à mander uniquement et immédiatement à Votre Majesté et auxquelles je me suis vu conduit par le contenu de Ses ordres immédiats du 27 du mois dernier.“

sur les moyens qu'on croyait les plus propres pour composer à l'amiable ces différends et vous faire des propositions raisonnables, vous vous chargeriez de m'en faire d'abord votre rapport et que vous étiez bien persuadé que je donnerais volontiers les mains à tout ce qu'on me proposerait de raisonnable pour accommoder ces différends. Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.



411-1 Vergl. S. 380. 383.