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LXXV.

Deux jeunes cavaliers, au grand galop de chasse, sautent haies et fossés: l'un le cor de chasse en sautoir, l'autre brandissant la cravache. Le „Dialogue de morale à l'usage de la jeune Noblesse“ est une espèce de catéchisme pour les jeunes gentilshommes. Les réponses de ce catéchisme formulent les plus nobles principes, les idées les plus élevées; celui qui les observera, s'assure une vie honorée, féconde pour lui-même, pour la patrie et pour l'humanité, et une mémoire glorieuse.

Le dessin de Menzel symbolise, sous une forme réelle, la noble et légitime émulation dont parle le „Dialogue“ .

LXXVI.

Une robuste figure de femme, la tête couronnée d'une forteresse et le buste nu, trône au sommet d'un rocher, vers lequel s'avance une lourde et noire nuée d'orage. Sur ce fond sombre rayonne en caractères flamboyants, comme tracée par les éclairs, la date fatale: 1806.

Dans cette lettre (1770), supposée écrite par un citoyen de Genève, le roi blâme la fausse éducation donnée en Allemagne dans les familles nobles: „La plupart de nos jeunes seigneurs,“ dit-il, „craignent l'état militaire, parce qu'il est, dans ce pays, une véritable école des mœurs. C'est précisément ce qui leur répugne, car ils voudraient, à l'aide d'un grand nom, se livrer sans contrainte aux caprices de leur fantaisie et au dérèglement de leurs mœurs: d'où vient que peu d'enfants des premières maisons servent dans les armées. . . . La mollesse de cette première éducation rend les jeunes gens efféminés, nonchalants et paresseux. Au lieu de ressembler à la race des anciens Germains, on les prendrait pour une colonie de Sybaris.“

Le dessin de Menzel évoque sous une forme prophétique les malheurs que cette fausse éducation doit attirer sur la Prusse: sur le fond sombre des nuages gros de tempête flamboie, aux yeux de la Germanie épouvantée, la date de cette année de désastre et de châtiment pour une génération amollie: 1806!