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JEAN LE CICÉRON.

On lui donna le surnom de Cicéron, à cause de son éloquence naturelle. Il réconcilia trois rois qui se disputaient la Silésie, savoir : Ladislas de Bohême, Casimir de Pologne et Matthias de Hongrie. Jean le Cicéron et l'électeur de Saxe entrèrent en Silésie à la tête de six mille chevaux, et se déclarèrent ennemis de celui des rois qui refuserait de prêter l'oreille aux paroles de paix qu'ils leur portaient. Son éloquence, à ce que disent les annales, moyenna l'accord de ces princes, par lequel la Silésie et la Lusace furent partagées entre les rois de Bohême et de Hongrie. Je voudrais que l'on eût rapporté d'autres exemples de l'éloquence de ce prince; car, dans celui-ci, les six mille chevaux paraissent le plus fort argument. Un prince qui peut décider les querelles par la force des armes, est toujours un grand dialecticien; c'est un Hercule qui persuade à coups de massue.

Jean le Cicéron eut une guerre à soutenir contre le duc de Sagan, qui formait des prétentions sur le duché de Crossen; l'Électeur le battit près de cette ville et le fit même prisonnier.17-a On peut juger<18> des mœurs de ce temps par Jean, duc de Sagan, qui eut la cruauté de laisser mourir de faim un frère avec lequel il s'était brouillé. Jean le Cicéron mourut l'an 1499. Il laissa deux fils, l'un Joachim, qui lui succéda à l'électorat, et le second, Albert, qui devint électeur de Mayence et archevêque de Magdebourg.


17-a Il n'est pas certain que Jean, duc de Sagan, ait été fait prisonnier dans le Brandebourg par Jean le Cicéron. Il fit sa paix avec l'Électeur, à Camenz, en 1482; et ce fut en juillet 1472 qu'il laissa mourir de faim son frère Balthasar, alors détenu à Priebus dans une tour qui depuis porta le nom de Tour de la faim.