<421> ressemble à l'amour de Dieu des jansénistes, qui ne l'aiment que pour lui seul, et, quand même vous ne me témoigneriez pas toutes les bontés dont vous m'honorez, je n'en serais pas moins le plus zélé de vos sujets et le plus grand de vos admirateurs, quoique tous les gens qui respectent les grandes vertus et les qualités héroïques soient de leur nombre. Et quel est l'homme raisonnable qui, après ce qui s'est passé depuis sept ans, puisse vous refuser son admiration? J'ai l'honneur, etc.

282. AU MARQUIS D'ARGENS.

Meissen, 25 novembre 1762.

J'ai achevé, mon cher marquis, l'histoire des imposteurs sacrés, et, après avoir pris le poison du fanatisme, j'ai eu recours tout de suite à l'antidote de la philosophie et de la saine critique, que j'ai trouvé dans votre Timée. Pour vous prouver que je m'en suis approprié les matières, apprenez que j'entends et explique joliment le mot bara, qui ne veut point dire créer, mais faire un pompeux ouvrage. J'ai été surpris de la propriété des nombres de Pythagore, ce qui m'a fait ressouvenir du Dialogue des lettres, de Lucien. Ce qu'il y a d'humiliant, c'est que votre philosophe grec, qui est bien Grec, selon moi, parle sérieusement des merveilles des nombres, et que le bel esprit badine sur le sujet des syllabes. J'ai lu, à ma grande édification, la dissertation sur le saint âne qui porta Jésus à Jérusalem, ensuite ce que vous dites sur l'incertitude des anciens ouvrages, sur Esdras, les livres de Moïse, et sur la nécessité de recourir à un juge de la foi pour ne point s'égarer. J'ai été bien surpris de me trouver avec mes frères