85. AU MARQUIS D'ARGENS.

Elsterwerda, 12 novembre 1759.

Je me suis fait traîner ici, mon cher marquis. Demain je joindrai mon armée, et je me flatte que Daun et ses Autrichiens ne s'apercevront pas que j'ai la goutte. Dans huit jours j'espère que la Saxe sera entièrement nettoyée d'ennemis, et que tout sera tranquille. Si vous vous portez bien alors, et que vous puissiez trouver une voiture hermétiquement fermée, vous me ferez plaisir de me joindre à Dresde, où j'établirai mon quartier, et où j'aurai soin de votre logement. J'ai tant à faire à présent, qu'il m'est impossible de me mêler du clabaudage de votre folle : attendez que la campagne soit finie, et nous l'enfermerons dans telle Petite-Maison qu'il vous plaira. Adieu, cher marquis; je vous embrasse.