<192> avait passé sa vie à fréquenter nos théâtres. Nous en parlions, la sublime Émilie et moi, et nous nous demandions si cette crainte que marquait Polyphonte au quatrième acte, si cette langueur du vieux bonhomme Narbas, et ce soin de se conserver, au cinquième, auraient déplu à V. A. R. Le courrier des lettres arriva, et apporta vos critiques; nous fûmes enchantés. Que croyez-vous que je fis sur-le-champ, monseigneur, tout malade que j'étais? Vous le devinez bien; je corrigeai et ce quatrième, et ce cinquième acte.

Je m'étais un peu hâté, monseigneur, de vous envoyer l'ouvrage. L'envie de présenter des prémices divo Federico ne m'avait pas permis d'attendre que la moisson fût mûre; ainsi je vous supplie de regarder cet essai comme des fruits précoces; ils approchent un peu plus actuellement de leur point de maturité. J'ai beaucoup retouché la fin du second, la fin du troisième, le commencement et la fin du quatrième, et presque la moitié du cinquième. Si V. A. R. le permet, je lui enverrai, ou bien une copie des quatre actes retouchés, ou bien seulement les endroits corrigés.

Je crois que M. Thieriot enverra bientôt à V. A. R. une tragédie nouvelle, qui est infiniment goûtée à Paris; elle est d'un homme à peu près de mon âge, nommé La Chaussée, qui s'est mis à composer pour le théâtre assez tard, comme s'il avait voulu attendre que son génie fût dans toute sa force. 11 a fait déjà une comédie fort estimée, intitulée Le Préjugé à la mode, et une Épître à Clio, dont les trois quarts sont un ouvrage parfait dans son genre. J'espère beaucoup de sa tragédie de Maximien; ce sera un amusement de plus pour Remusberg. Il sera lu et approuvé par V. A. R.; je ne peux lui souhaiter rien de mieux.

Vous êtes notre juge, monseigneur; nous sommes comme les peuples d'Élide, qui crurent n'avoir point établi des jeux honorables, si on ne les approuvait en Égypte.

V. A. R. me fait frémir en me parlant de ce que je soupçonnais