<181> faire une guerre de bourse très-philosophique, et de profiter de ce temps de tranquillité pour guérir entièrement les plaies que la dernière guerre nous a faites, et qui saignent encore.a

Et quant à monsieur le vicaire
(Je dis vicaire du bon Dieu),
Je le laisse en paix, en son lieu,
S'amuser avec son bréviaire.
Hélas! il n'est que trop puni
En vivant de cette manière,
Du sage en tout pays honni,
Payé pour tromper le vulgaire,
Et tremblant qu'un jour en son nid
Il n'entre un rayon de lumière
Dardé du foyer de Ferney.
A son éclat, à ses attraits,
Disparaîtrait le sortilége;
Lors adieu le sacré collége,
La sainte Eglise et ses secret.b

Lorette serait à côté de ma vigne, que certainement je n'y toucherais pas. Ses trésors pourraient séduire des Mandrin,c des Conflans, des Turpin, des Richelieu,d et leurs pareils. Ce n'est pas que je respecte les dons que l'abrutissement a consacrés, mais il faut épargner ce que le public vénère; il ne faut point donner de scandale; et, supposé qu'on se croie plus sage que les autres, il faut, par complaisance, par commisération pour leurs faiblesses, ne point choquer leurs préjugés. Il serait à souhaiter que les prétendus philosophes de nos jours pensassent de même.


a Voyez t. VI, p. 82-85, et ci-dessus, p. 121 et 126.

b Ces cinq derniers vers manquent dans l'édition de Kehl; nous les tirons des Œuvres posthumes, t. X, p. 62 et 63.

c Voyez t. IV, p. 34; t. IX, p. 175; t. XIV, p. 253; et t. XV, p. 20.

d Le marquis de Conflans avait ravagé, avec les troupes légères françaises, la principauté d'Osnabrück au mois de septembre 1761; quant à Turpin et à Richelieu, le Roi en parle t. IV, p. 162 et 163.