<245>Je dois dire à V. M. qu'un jeune homme de vingt-cinq ans, très-bon officier, très-instruit, ayant servi dès l'âge de douze ans, et ne voulant plus servir que vous, est parti de Paris sans en rien dire à personne, et vient vous demander la permission de se faire casser la tête sous vos ordres. Il est d'une très-ancienne noblesse, véritable marquis, et non pas de ces marquis de robe, ou marquis de hasard, qui prennent leurs titres dans une auberge, et se font appeler monseigneur par les postillons qu'ils ne payent point. Il s'appelle le marquis de Saint-Aulaire, neveu d'un lieutenant-général, l'un de nos plus aimables académiciens, lequel faisait de très-jolis vers à près de cent ans, comme vous en ferez, à ce que je crois et à ce que j'espère. Je pense que mon jeune marquis est actuellement à Berlin, cherchant peut-être inutilement à se présenter à V. M.; mais on dit qu'il en est digne, et que c'est un fort bon sujet.

Le vieux malade se met à vos pieds avec attachement, admiration, respect et syndérèse.

452. A VOLTAIRE.

Sans-Souci, 14 août 1772.

Je vous remercie des félicitations que vous me faites sur des bruits qui se sont répandus dans le public. Il faudra voir si les événements les confirment, et quel destina auront les affaires de la Pologne.

J'ai vu des vers bien supérieurs à ceux qui m'ont amusé lorsque j'avais la goutte; ce sont les Systèmes et les Cabales.b Ces morceaux


a Et quelle issue. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 165.)

b Ces deux pièces satiriques se trouvent dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIV. p. 242 et 255.