<296>votre disciple, ne pouvait se plaindre de moi; je lui donnais d'un trait de plume un très-beau royaume. On aurait pu, avant qu'il fût dix ans, jouer un opéra grec à Constantinople. Dieu n'a pas béni mes intentions, toutes chrétiennes qu'elles étaient; du moins les philosophes vous béniront d'ériger un mausolée à Copernic, dans le temps que votre ami Mustapha fait enseigner la philosophie d'Aristote à Stamboul. Vous ne voulez point rebâtir Athènes, mais vous élevez un monument à la raison et au génie.

Quand je vous suppliais d'être le restaurateur des beaux-arts de la Grèce, ma prière n'allait pas jusqu'à vous conjurer de rétablir la démocratie athénienne; je n'aime point le gouvernement de la canaille. Vous auriez donné le gouvernement de la Grèce à M. de Lentulus, ou à quelque autre général qui aurait empêché les nouveaux Grecs de faire autant de sottises que leurs ancêtres. Mais enfin j'abandonne tous mes projets. Vous préférez le port de Danzig à celui du Pirée; je crois qu'au fond V. M. a raison, et que, dans l'état où est l'Europe, ce port de Danzig est bien plus important que l'autre.

Je ne sais plus quel royaume je donnerai à l'impératrice Catherine II, et franchement je crois que dans tout cela vous en savez plus que moi, et qu'il faut s'en rapporter à vous. Quelque chose qui arrive, vous aurez toujours une gloire immortelle. Puisse votre vie en approcher!

476. DU MÊME.

Ferney, 8 novembre 1773.

Sire, la lettre dont Votre Majesté m'a honoré le 24 octobre est depuis vingt ans celle qui m'a le plus consolé; votre temple aux mânes