<42> voulez faire, et ce que vous avez écrit à Catt ne me satisfait pas; mais c'est, au reste, de quoi je m'embarrasse très-peu.a

356. AU MÊME.

Landeshut, 22 avril 1759.

Je vous ai envoyé mes vers à ma sœur Amélie, comme l'esquisse d'une Épître. Je n'ai ni l'esprit assez libre, ni assez de temps pour faire quelque chose de fini. Et d'ailleurs quelques inadvertances, quelques crimes de lèse-majesté contre Vaugelas ou d'Olivet, ne doivent pas vous surprendre. Le moyen d'écrire purement en Allemagne, et de ne pas commettre des fautes d'ignorance et contre l'usage, quand je vois tant de poëtes français, domiciliés à Paris, dont les ouvrages en fourmillent! Je remarque de plus qu'il faut avoir un bon critique qui vous fasse observer les fautes que l'amour-propre nous voile, qui marque les endroits faibles et défectueux. Je vois assez bien les négligences des autres, et, dans la composition, je demeure aveugle sur les miennes. Voilà comme les hommes sont faits.

Votre nouvelle strophe de cette funeste ode est belle. Je passerais les petites bagatelles qui vous arrêtent. Ne dites pas que Marsyas juge Apollon, si je m'escrime avec vous de poésie.

Au lieu de du sort soutint les coups, on peut mettre affronta les coups; et, au lieu de venir son heure fatale, approcher l'heure fatale.

J'avoue que son heure fatale vaut mieux que l'heure fatale; c'est à vous d'en juger.

Pour l'ode en général, elle est très-belle. Voici les difficultés qu'un


a Ce post-scriptum, omis dans l'édition de Kehl, est tiré de celle de Bâle, t. II, p. 286.