<178>ment je retombe toujours dans ces moralités ennuyeuses, et que vous condamnez avec justice. Plus nous faisons des réflexions, plus nous devenons malheureux; la raison et la prévoyance ne sont utiles que pour la société, et les hommes qui en font usage sont comme le phénix,a qui se blesse pour nourrir ses petits. Les Français font fort bien de s'amuser avec leurs pantins; tout un détachement en est arrivé à Berlin; mais ces frivoles bagatelles n'ont pas encore fait une impression assez vive sur le public, et j'avoue, à la grande confusion de ma patrie, que le goût des belles choses n'y est pas cultivé au point d'accorder aux pantins l'estime qui leur est due. Peut-être parviendrons-nous à ce goût raffiné, à force d'y réfléchir avec toute la profondeur qu'exige la gravité de cette matière.

En vérité, ma chère sœur, je suis confus des pauvretés dont je vous entretiens; je m'égare, en vous écrivant, par le plaisir que j'ai à m'entretenir avec vous, et comme les plus courtes sottises sont les meilleures, je finis ma lettre en vous priant de me croire avec tendresse et estime, ma très-chère sœur, etc.

186. A LA MÊME.

Potsdam, 7 avril 1747.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu la lettre que vous me faites le plaisir de m'écrire à mon retour de Berlin, où nous avons célébré les vigiles du jour de naissance de la Reine douairière par un opéra qui a eu tout le succès qu'on peut attendre, tant pour la musique, les voix, les ballets, les dan-


a Ou plutôt le pélican.