<305> les facilités. Depuis l'année 1748, pendant la paix, jusqu'à la guerre d'à présent, j'ai été si bien au fait de toutes les intrigues de ces cours ennemies, que j'ai eu toute leur correspondance entre mes mains; cela est clair et prouvé par les papiers justificatifs de ma conduite, qui sont imprimés et entre les mains de tout le monde. Dès que la guerre commença en Amérique entre les Français et les Anglais,a je prévis que de conséquence en conséquence j'y pourrais être engagé, et je résolus de faire tout ce qui dépendrait de moi pour n'y point être mêlé. Dès l'automne de l'année 1755, les Français, craignant qu'ils ne pourraient pas gagner la supériorité sur mer sur les Anglais, méditèrent d'attaquer le roi d'Angleterre dans ses possessions d'Allemagne, espérant de terminer dans le pays de Hanovre les différends qu'ils avaient en Amérique avec les Anglais. Ils jetèrent d'abord les yeux sur moi, supposant qu'il me suffisait d'une occasion pour me battre. Notre traité défensif avait exclu en termes précis tous les démêlés qu'ils pouvaient avoir dans un autre monde de nos garanties. M. Rouillé passa légèrement sur cette difficulté, et dit en termes formels à Knyphausen, mon envoyé, « qu'il y avait un bon trésor à Hanovre, et qu'on me l'abandonnerait. » Je lui fis simplement répondre que c'était une proposition à faire à Mandrin,b et non pas à un roi de Prusse. Sur cela, le roi d'Angleterre rechercha mon amitié, et me fit faire des propositions par le duc de Brunswic, qui tendaient à assurer le repos de l'Allemagne par un traité de neutralité. Je ne voulus m'engager à rien avant que d'être sûr si la Russie suivrait plutôt les impulsions de la cour de Vienne, ou celles des Anglais. J'en écrivis à Klinggräff, à Vienne, qui m'assura que la cour de Vienne n'avait point d'argent, que les Anglais tenaient les cordons de la bourse, et que les Russes, comme les Suisses, n'étaient que pour ceux qui les payaient. La cour de Londres m'assura en termes


a Voyez t. XXVI, p. 131.

b Voyez t. IV, p. 34, et t. XXVII. I. p. 294.