<307> ou de ceux qui les payent. Mon intention était de maintenir la tranquillité de l'Allemagne, et j'avais espérance d'y réussir jusqu'au printemps de l'année 1756, que j'appris qu'un gros corps de Russes s'assemblait en Courlande. Cela me parut d'autant plus extraordinaire, que j'étais bien sûr, par les liaisons que j'avais avec les Anglais, que cela ne pouvait pas venir d'eux. J'entrai sur cela en quelques explications avec le ministère de Londres, et dès que je m'aperçus que les mouvements n'étaient pas concertés avec le roi d'Angleterre, cette manœuvre me donna de grands soupçons sur la conduite des Russes. J'appris au mois de juin, comme j'étais à Magdebourg, que cette armée se renforçait, et toutes les circonstances, jointes à des correspondances qui sont imprimées, me portèrent à présumer que la Prusse avait à craindre une invasion de ce côté; sur quoi je fis marcher quelques régiments en Poméranie pour être à portée de se joindre aux troupes de Prusse. Ce mouvement, qui ne pouvait donner aucune jalousie à la reine de Hongrie, occasionna quelle fit filer un grand nombre de ses troupes en Bohême. L'on sait comme cette démarche donna lieu à des explications qui occasionnèrent la guerre.

Dès que je fus informé que les troupes autrichiennes remuaient dans toutes les provinces, j'envoyai ordre à Knyphausen de parler à M. Rouillé, pour l'avertir qu'un orage se formait en Allemagne, et que, s'il le voulait conjurer, il en était temps en faisant des remonstrationsa à la cour de Vienne, avec laquelle la France venait de conclure une alliance. M. Rouillé répondit sèchement que la France ne pouvait ni ne voulait se mêler de cette affaire. Après la réponse ambiguë et arrogante que le comte Kaunitz donna à Klinggraff, je me voyais forcé à la guerre. La reine de Hongrie l'avait résolue, et si j'avais attendu plus longtemps, ce n'aurait été que donner le temps à mon ennemi pour s'arranger entièrement. Il fallait prévenir pour n'être point prévenu. Si j'attaquais la reine de Hongrie du côté de


a Mot formé par le Roi, pour remontrances.