<128> ennemie. Si celle-là tient, et laisse devant soi ses chevaux de frise, mon infanterie se déploie et l'abîme avec le feu du canon et des petites armes; si la cavalerie s'impatiente et retire ses chevaux de frise pour attaquer, la mienne fait la carrière, et doit la battre, ayant toujours derrière elle ces colonnes d'infanterie pour la soutenir. Si la cavalerie ennemie est battue, ces bataillons se déploient, et prennent l'infanterie ennemie dans le flanc. Quant à l'infanterie, si les grenadiers autrichiens laissent attaquer leurs Hongrois à la turque, je fais sortir par ma droite deux escadrons, et deux par la gauche du front d'attaque, pour les prendre en flanc, et j'ai encore deux escadrons en seconde ligne pour repousser ce qui pourrait pénétrer, sans compter que mon gros canon en fera un grand meurtre. Ensuite la cavalerie victorieuse n'a qu'à prendre à dos la seconde ligne de l'ennemi, et je suis sûr qu'il sera battu sans grande peine.

Cette disposition (plan VII) est plus raisonnée, plus masquée, et par conséquent plus forte que la précédente. Le front et le flanc de l'infanterie sont couverts de chevaux de frise; la cavalerie est placée devant des carrés d'infanterie entourés de chevaux de frise. Cette cavalerie doit se retirer, en cas que notre cavalerie fasse une attaque sur elle, pour que les attaquants, mis en confusion par ce feu d'infanterie, rebroussent chemin, et qu'alors ils puissent revenir sur ceux qui les ont attaqués. Mais comme il faut tout considérer et mettre à profit dans les dispositions de l'ennemi, leurs chevaux de frise nous sont d'un grand avantage, à cause que cette ligne doit avoir une peine infinie d'avancer. Voici ce que je propose pour attaquer cette armée. Je fais abstraction du terrain; qu'on l'entame par la droite ou la gauche, c'est égal, selon que le terrain paraît le plus favorable. Ma disposition est d'attaquer par la droite; mon infanterie, à six cents pas de l'ennemi, perce la cavalerie; je laisse une colonne de deux bataillons sur l'aile, avec quatre canons, les huit autres bataillons, chacun déployé sur deux lignes, devant la cavalerie, farcis de canons.