<129>La cavalerie ennemie souffrira si fort du feu des canons et petites armes de mon infanterie, qu'elle sera obligée de prendre un parti, savoir, celui d'attaquer mon infanterie ou de s'enfuir. Si elle attaque mon infanterie, je n'en suis pas embarrassé; son feu la défendra d'un côté, et ma cavalerie est à portée de la soutenir de l'autre; j'ai dix bataillons dont celui de la gauche de la seconde ligne peut toujours couvrir le flanc, en cas que l'ennemi l'attaque. Mais il est plutôt à supposer que, comme la cavalerie a reçu l'ordre de se retirer derrière ses carrés d'infanterie, elle le fera; en ce cas, il faut attaquer la dernière redoute de l'ennemi la première, ensuite la seconde, et faire, en attendant, tirer tout le canon de ces détachements, tant sur les redoutes que sur la cavalerie qui est derrière. Après que l'on a emporté deux redoutes, la cavalerie, avec une quinzaine d'escadrons, peut choquer, et il faut que toute l'aile la suive. Après la cavalerie ennemie renversée, notre seconde ligne de cavalerie doit tourner sur le corps de bataille de l'ennemi et le prendre à dos, et la droite de mon infanterie doit joindre le corps qui a forcé les carrés, pour tourner l'infanterie ennemie et lui donner en flanc. L'ennemi ne peut guère m'empêcher de faire ces mouvements, vu qu'il est gêné par ses chevaux de frise, et qu'il ne saurait faire dans un moment un quart de conversion avec une armée, sans compter que le terrain nous peut fournir des parties avantageuses dont on peut profiter pour gêner davantage l'ennemi et l'obliger de ne point bouger de sa situation. On doit avoir la plus grande attention à imprimer aux officiers qui attaquent cette redoute mouvante de ne se point abandonner à une ardeur démesurée, de rester serrés et en ordre, à cause de la cavalerie ennemie toujours prête à profiter du moindre faux mouvement qu'elle pourrait faire. On doit surtout se garder de donner le flanc et de tirer par bataillon; on ne doit employer que le feu de peloton, et, pour l'attaque de ces redoutes, ce doit être un coup de main, la baïonnette au bout du fusil, mais surtout ne point se débander après