<144>succès d'une campagne dépend, c'est un autre sujet de marche; et enfin, lorsque l'on a des corps détachés, on doit être très-attentif à pouvoir y porter du secours, au cas que l'ennemi, avec toute son armée, tente de détruire un de ces détachements. On peut soupçonner l'ennemi d'un pareil dessein dès le moment qu'un grand corps de troupes légères intercepte la communication de votre armée à ce corps, et sans balancer il faut faire pousser ces troupes légères pour porter du secours au corps détaché, qui, s'il n'est pas déjà engagé avec l'ennemi, le sera incessamment. Il résulte de toutes ces attentions et soins différents qu'un général d'armée doit être d'une vigilance infatigable, songer à tout, prévoir tout, et observer jusqu'aux moindres démarches des ennemis. S'il néglige le moins du monde de ces attentions pendant tout le cours de la campagne, il peut compter que l'ennemi ne tardera pas à l'en faire repentir.

DES RUSES DE GUERRE.

Il est tant de différentes espèces de ruses, qu'il serait bien difficile de les rapporter toutes; il en est pour les guerres de siéges, pour les guerres de campagne, pour les surprises, et encore pour les dispositions de combats. Les ruses de guerre s'emploient pour tromper l'ennemi et pour lui cacher vos desseins. Dans les guerres de siéges, ces ruses ont deux fins, l'une de détourner l'ennemi d'une place que l'on veut assiéger, l'autre d'affaiblir la garnison de cette place. Pour cet effet, on forme des magasins à deux différents endroits. (NB. Cette ruse est trop coûteuse pour être pratiquée souvent et par tout le monde.) On assemble l'armée dans un endroit éloigné de la place que l'on veut véritablement assiéger; on fait mine d'en vouloir faire investir une autre, ce qui produit pour l'ordinaire que l'ennemi tire des troupes des places éloignées, pour renforcer la garnison de celle qui est menacée; alors, par des détachements et des contre-marches,