<143> sans que les formidables apprêts des ennemis eussent produit d'événements remarquables. Mais le magasin de Schweidnitz, qui avait fourni des vivres à l'armée pendant une grande partie de cette campagne, tirait à sa fin. Les provisions qui y restaient, n'étaient que pour un mois. Depuis le départ de M. de Platen, le Roi n'osait pas affaiblir l'armée par de nouveaux détachements. Les grands dépôts se trouvaient à Breslau, et il ne fallait pas moins de dix mille hommes d'escorte pour conduire de là en sûreté des convois au camp. Ces raisons, mûrement examinées, firent résoudre à s'approcher avec l'armée de Neisse, où l'on trouverait des provisions et des fourrages en abondance, et d'où l'on pouvait donner des jalousies à l'ennemi, tant sur le comté de Glatz que sur la Moravie, afin d'attirer M. Loudon de ce côté, et d'éloigner par là les Russes et les Autrichiens de Schweidnitz. En conséquence de cet arrangement, l'armée prit premièrement le camp de Pülzen, où elle resta quelques jours. Le Roi laissa dans Schweidnitz cinq bataillons complets, les convalescents de l'armée, et cent dragons. Il recommanda à M. de Zastrow, qui commandait dans la place, d'user de précaution et de vigilance, pour prévenir toutes les entreprises que l'ennemi pourrait former dans l'absence de l'armée prussienne. Le Roi prit le 28 le camp de Siegroth, et le 29, celui de Nossen, près de Münsterberg, où il s'arrêta pour juger par la manœuvre des ennemis quel parti ils prendraient. M. Loudon détacha aussitôt pour renforcer les postes de Silberberg et de Wartha; mais son armée, où se trouvait M. de Czernichew, était si nombreuse, que vingt ou trente mille hommes de moins ne l'empêchaient pas d'agir comme il le voulait.

Le 1er d'octobre, le Roi apprit à Nossen que, par un coup de main, les Autrichiens s'étaient rendus maîtres de Schweidnitz. Quelque incroyable que parût cette nouvelle, elle se trouva néanmoins véritable. Cette entreprise avait été concertée et conduite de la manière suivante. On gardait environ cinq cents prisonniers dans cette place,