<144> entre lesquels un major Roca,a Italien et partisan, était un des plus considérables. Ce major s'était proposé de faire tomber entre les mains des Autrichiens la place où il était détenu. Dans cette vue, il avait eu assez de souplesse et d'adresse pour s'insinuer si bien dans l'esprit du commandant, que celui-ci lui accordait plus de liberté qu'un prisonnier ne doit en avoir, surtout lorsque la ville où on le retient, se trouve environnée d'ennemis. Roca se promenait dans les ouvrages; il savait la place de toutes les gardes et de tous les détachements; il observait les diverses négligences qui se faisaient dans le service de la garnison; il vivait non seulement ouvertement avec tout le monde, mais voyait de plus assez souvent les soldats autrichiens prisonniers comme lui; enfin, il intriguait dans la ville, n'épargnait rien pour des corruptions, et il informait exactement M. Loudon de tout ce qu'il voyait, de tout ce qu'il apprenait, et de tout ce qu'il imaginait pour lui faire prendre cette ville. Ce fut sur les notions que donna ce major à M. Loudon, qu'il forma son projet pour surprendre la place, et, la nuit du dernier de septembre au 1er d'octobre, il l'exécuta comme nous l'allons dire. Il distribua vingt bataillons en quatre attaques, l'une sur la porte de Breslau, l'autre sur la porte de Striegau, la troisième sur le fort de Bögendorf, et la quatrième sur le fort de l'Eau. M. de Zastrowb avait été au bal; comme cependant il se doutait de quelque chose, il fit prendre sur le soir les armes à la garnison, et la distribua dans les ouvrages; mais il commit la faute de ne point donner aux officiers d'instruction sur la manière dont ils devaient se conduire, de ne point envoyer sa cavalerie à la décou-


a Cet officier est nommé Rochas dans l'ouvrage de M. de Cogniaczo qui parut sous le voile de l'anonyme et sous le titre de Geständnisse eines Oestreichischen Veterans. Breslau, 1791, t. IV, p. 103—105.

b Charles-Antoine-Léopold de Zastrow, général-major et chef du régiment d'infanterie no 38 de la Stammliste de 1806, était frère cadet du général Bernard-Asinus de Zastrow, mentionné t. IV, p. 129. Après sa captivité, il rentra dans l'armée, et ne reçut sa démission que le 2 septembre 1766. 11 mourut à Cassel en 1779, âgé de soixante-neuf ans, avec le grade de lieutenant-général hessois.