<172> également. C'était le projet de ce fameux pacte de famille, qui, loin d'unir ces couronnes, devait au contraire aliéner à jamais l'esprit des Espagnols de tout traité avec la France. Nous nous contenterons d'en rapporter les points principaux. Il y est dit : « que les deux branches de la maison de Bourbon seront désormais regardées comme la même; que les sujets des deux couronnes jouiront réciproquement des mêmes avantages; qu'en tout temps on fera cause commune; en conséquence de quoi le roi d'Espagne déclarera la guerre à l'Angleterre, si cette puissance refuse de lui faire raison sur de certains griefs, comme sont la coupe du bois de Campêche et quelques pirateries commises par les armateurs anglais; que l'Espagne, en même temps, attaquera le roi de Portugal; et, ce qu'il y a de plus extraordinaire, que les deux branches de la maison de Bourbon étant considérées comme la même maison, leurs conquêtes et leurs pertes seront communes, de sorte que les avantages de l'une compenseront les pertes de l'autre. »

A quoi se réduisait donc le sens de ce traité? N'aurait-il pas autant valu que la France eût dit aux Espagnols : « Vous ferez la guerre, parce que cela convient à mes intérêts : j'ai fait des pertes considérables contre les Anglais; mais comme il y a apparence que vous ferez des conquêtes sur eux, et que vous prendrez le Portugal, vous rendrez tous ces pays que vous prendrez, à leurs possesseurs, pour obliger les Anglais à nous restituer les provinces qu'ils ont envahies sur nous, et que nous ne pouvons plus leur arracher? » Encore, pourquoi attaquer le roi de Portugal, qui n'avait offensé personne, sur le royaume duquel ni l'Espagne ni la France n'avaient des droits? C'était le commerce lucratif que l'Angleterre faisait en Portugal, que la France voulait ruiner. D'ailleurs, elle était persuadée que les Anglais auraient rendu la meilleure partie de leurs conquêtes pour faire restituer ce royaume au roi de Portugal. Mais est-ce une raison pour attaquer un souverain qui n'en donne aucune raison légitime? O droit public,