<173> que ton étude est vaine et inutile! Ce traité, enfin, tout bizarre qu'il était, fut signé par les deux couronnes.

Les Français en tirèrent incontinent parti, et M. de Bussy eut ordre de demander, au nom du roi d'Espagne, la restitution de quelques vaisseaux que les Anglais avaient enlevés à cette couronne, et surtout qu'ils renonçassent à la coupe du bois de Campêche. Cette proposition fut comme la pomme de discorde qui divisa et brouilla tout le ministère britannique. Deux hommes se trouvaient à la tête de ce gouvernement, différents de caractère et opposés en tout. L'un était Pitt : une âme élevée, un esprit capable de grands projets, de la fermeté dans l'exécution, un attachement inflexible à ses opinions, parce qu'il les croyait avantageuses à sa patrie, qu'il aimait, faisaient son caractère. L'autre, c'était Bute; il avait été gouverneur du Roi, et le gouvernait encore. Plus ambitieux qu'habile, il voulait dominer à l'ombre de l'autorité souveraine. Il avait pour principe que la trame de l'honneur devait être d'une tissure grossière pour tout homme d'État. Il crut qu'en procurant la paix à tout prix à sa nation, il en deviendrait l'idole : il se trompa, et le peuple l'eut en exécration. Ces deux Anglais envisagèrent la proposition de l'Espagne avec des yeux tout différents. Pitt, convaincu que l'Espagne voulait la guerre, et que par conséquent la rupture était inévitable, voulait qu'on prît cette puissance au dépourvu, parce qu'elle n'avait pas achevé de faire ses préparatifs; et il opinait pour qu'on lui fît la guerre, parce que c'était le cas de se battre, et non pas de négocier. Bute, craignant que ces nouveaux ennemis ne rendissent la paix plus difficile à conclure, représenta qu'en suivant les avis de son adversaire, on engagerait le gouvernement de plus belle dans des dépenses exorbitantes et dans de nouveaux risques, dont on ne pouvait point prévoir la fin; que s'il condamnait le sentiment du sieur Pitt, c'était surtout parce que, dans les conjonctures où l'Angleterre se trouvait, il était plus facile de négocier à Madrid que de trouver à Londres de nouveaux