<174>s'affaiblit considérablement. Dans cet état valétudinaire, il passa une convention avec la France,a dont il obtint la garantie du duché de Berg, à l'exception de la ville de Düsseldorf, et d'une banlieue large d'un mille, tout le long du bord du Rhin. Il se contenta d'autant plus facilement de ce partage, que la perte de son activité lui faisait désespérer de faire des acquisitions plus considérables.

L'hydropisie dont il était incommodé augmenta considérablement; et il mourut enfin le 31 mai 1740, avec la fermeté d'un philosophe et la résignation d'un chrétien. Il conserva une présence d'esprit admirable jusqu'au dernier moment de sa vie, ordonnant de ses affaires en politique, examinant les progrès de sa maladie en physicien, et triomphant de la mort en héros.

Il avait épousé en 1707b Sophie-Dorothée, fille de George de Hanovre, qui devint roi d'Angleterre. De ce mariage naquirent : Frédéric II, qui lui succéda; les trois princes, Auguste-Guillaume, Louis-Henri,c et Ferdinand; Wilhelmine, margrave de Baireuth; Frédérique, margrave d'Ansbach; Charlotte, duchesse de Brunswic; Sophie, margrave de Schwedt; Ulrique, reine de Suède; Amélie, abbesse de Quedlinbourg.

Les ministres de Frédéric-Guillaume lui firent signer quarante traités ou conventions, que nous nous sommes dispensé de rapporter, à cause de leur frivolité. Ils étaient si éloignés de la modération de ce prince, qu'ils songeaient moins à la dignité de leur maître, qu'à augmenter les bénéfices de leurs emplois. Nous avons de même passé sous silence les chagrins domestiques de ce grand prince : on doit avoir quelque indulgence pour la faute des enfants, en faveur des vertus d'un tel père.

La politique du Roi fut toujours inséparable de sa justice : moins occupé à s'étendre qu'à bien gouverner ce qu'il possédait, toujours armé pour sa défense, et jamais pour le malheur de l'Europe, il préférait les choses utiles aux choses agréables.


a Ce traité fut conclu à la Haye, le 5 avril 1739, entre l'ambassadeur français, le marquis de Fenelon, et l'ambassadeur de Prusse, Abraham-George Luiscius. Il consistait en cinq articles, plus trois articles secrets.

b Le 28 novembre 1706.

c Frédéric-Henri-Louis.