<175>Bâtissant avec profusion pour ses sujets, et ne dépensant pas la somme la plus modique pour se loger lui-même, circonspect dans ses engagements, vrai dans ses promesses, austère dans ses mœurs, rigoureux sur celles des autres, sévère observateur de la discipline militaire, gouvernant son État par les mêmes lois que son armée, il présumait si bien de l'humanité, qu'il prétendait que ses sujets fussent aussi stoïques qu'il l'était.

Frédéric-Guillaume laissa, en mourant, soixante-six mille hommesa qu'il entretint par sa bonne économie, ses finances augmentées, le trésor public rempli, et un ordre merveilleux dans toutes ses affaires.

S'il est vrai de dire qu'on doit l'ombre du chêne qui nous couvre, à la vertu du gland qui l'a produit, toute la terre conviendra qu'on trouve, dans la vie laborieuse de ce prince et dans les mesures qu'il prit avec sagesse, les principes de la prospérité dont la maison royale a joui après sa mort.


a Dans la dissertation qui suit ici, intitulée Du militaire, l'Auteur dit que l'armée était forte de soixante-douze mille hommes, et au commencement de l'Histoire de mon temps, il parle de soixante-seize mille hommes : aucun de ces chiffres n'est exact. Il résulte d'un rapport officiel du général de Massow, du 10 janvier 1748, adressé au Roi, qu'elle se montait à quatre-vingttrois mille quatre cent soixante-huit hommes, y compris l'Unterstab, qui comptait mille cent seize personnes. L'Unterstab, dénomination qui pourrait se traduire par sous-état-major, se composait d'individus non-combattants attachés au régiment : c'étaient le médecin, l'aumônier, le juge et le payeur.