<124>Si ces vers paraissent au jour,
Momus et les neuf Sœurs pourront me faire grâce;
Je ne suis inspiré que par le tendre amour.
Lorsqu'il dicte, j'écris; ces vers sont son ouvrage;
Daignez, chère Ulerique, accepter son hommage.
Mais mon exil, hélas! sera-t-il sans retour?
Heureux qui vous adore et qui vous le peut dire!
Malheureux comme moi qui ne peut que l'écrire!

(Seitendorf, le 14 juillet 1762.)

IV. VERS A LA BELLE.

Vous voulez que de votre sœur
Je guérisse la maladie.
Hélas! daignez donc par faveur
Prendre aussi quelque part au danger de ma vie,
Et tâchez de guérir mon cœur.
Il souffre; la mélancolie
Le rend sombre, triste et rêveur;
Le nom dont Galien baptise sa langueur
S'appelle le tourment d'une cruelle absence.
Une fièvre d'impatience
De ses malheureux jours rend le fil odieux;
Son sort ou sa convalescence
Ne dépend que de la présence
D'Ulerique et de ses beaux yeux;
Et s'il n'en a quelque espérance,
Il faut vous préparer à d'éternels adieux.
Ses pleurs, son désespoir et sa douleur extrême,
Aiguisant d'Atropos les rigoureux ciseaux,
Vont le précipiter pour jamais au tombeau;
Car tout amant et quiconque aime