<10>mée, ou bien il faut se résoudre de la combattre, comme le fit le prince d'Anhalt.

Si je forme des desseins sur la Bohême, j'examine toute cette frontière qui confine avec la Silésie, et j'y trouve quatre passages plus considérables que les autres.

L'un est à côté de la Lusace, le second est celui de Schatzlar, le troisième est celui de Braunau, et le quatrième va de la comté de Glatz, par Rückerts et Reinerz, droit à Königingrätz. Celui de Friedland, qui est celui de Lusace, ne vaut rien, à cause qu'il n'y a dans ce voisinage aucune place forte en Silésie où l'on puisse former des magasins, qu'il ne conduit en Bohême que par un coin de ce royaume, et qu'enfin le pays, de ce côté-là, est monlueux, fait pour la chicane, et peu abondant en vivres. Le passage de Schatzlar a à peu près les mêmes inconvénients, et si l'ennemi choisit le camp de la hauteur qui est derrière cette ville, il n'y a pas moyen de l'attaquer ni de le tourner, car le chemin de Golden-Oelse est un défilé abominable. Ce chemin n'est donc praticable qu'en cas que l'ennemi n'y soit pas; cependant, comme au débouché de ce coupe-gorge il faut encore défiler auprès de la forêt de Silva,a je préférerais à ce chemin celui de Braunau, qui, de tous ceux qui de Silésie vont en Bohême, est le plus facile, à cause que vous avez vos dépôts à Schweidnitz, ce qui est dans le voisinage, et que, en entrant de ce côté-là en Bohême, vous couvrez toute la Basse-Silésie, au lieu que le chemin de Glatz en Bohême ne couvre rien; d'ailleurs, celui de Braunau vaut mieux, en ce que, en toutes les guerres qu'on fait en Silésie, il faut regarder l'Oder comme sa mère nourricière, et cette rivière est plus proche de Schweidnitz que de Glatz, et les chemins de Schweidnitz sont plus faciles pour les chariots que ceux de Glatz. Ainsi, le chemin de Braunau étant le plus praticable à tout égard, on y doit fixer son point d'attaque.

Cela décidé, j'établis mon magasin à Schweidnitz, sous la garde de deux à trois mille hommes; je destine en même temps un corps de sept mille hommes pour couvrir la Haute-Silésie, du côté de Neustadt; et je destine un corps de trois mille hommes


a Voyez t. III, p. 145.