<33>6. DES CAMPS QUI COUVRENT LE PAYS.

Les camps qui couvrent le pays regardent plus un certain lieu que la force du lieu même; c'est le point d'attaque par où l'ennemi peut percer que l'on occupe. Ce ne sont pas tous les chemins par lesquels il peut venir, mais celui qui le mène à son plus grand dessein, et le lieu où, en se tenant, on a moins à craindre de l'ennemi, et d'où l'on peut lui donner le plus d'appréhensions; enfin un lieu qui oblige l'ennemi à beaucoup de circonspection et de marches, et qui me mette en état de parer à tous ses desseins par de petits mouvements. Le camp de Neustadt défend toute la Basse-Silésie et une partie de la haute contre les entreprises que peut former une armée qui est en Moravie. On prend devant soi la ville de Neustadt et la rivière de Hotzeplotz, et de là, si l'ennemi voulait pénétrer entre Ottmachau et Glatz, il n'y aurait qu'à se porter entre Neisse et Ziegenhals, dans un camp très-fort, pour le couper de la Moravie. Par la même raison, il n'oserait marcher du côté de Cosel; car, en marchant alors entre Troppau et Jägerndorf, vous lui coupez tous ses convois, et il y a des camps très-bons et très-forts à prendre. Il y a entre Liebau et Schönberg un camp de la même importance pour couvrir la Basse-Silésie contre la Bohême, comme je l'ai dit plus haut. On s'accommode dans ces lieux le mieux que l'on peut, selon les règles que j'en ai données. J'y ajoute deux choses : l'une, que les tentes ne doivent jamais être mises sur le lieu que vous choisissez pour votre champ de bataille; l'autre, que votre champ de bataille ne doit être qu'à une demi-portée de fusil quand vous avez une rivière devant vous.

Le Brandebourg ne saurait être couvert par aucun camp, parce que le pays a trente lieues et plus de longueur, et qu'il est ouvert. Pour le défendre contre la Saxe, il faut prendre Wittenberg et s'y camper, ou bien imiter l'expédition de l'hiver de 1745. Du côté du pays de Hanovre, il y a le camp de Werben,a qui défend et couvre tout.


a Voyez t. I, p. 49.