<15>et s'acquitta de sa commission avec tant de dextérité, que l'estime que le feu roi avait pour lui, en augmenta encore.

Le Roi ne pouvait lui en donner des marques plus agréables qu'en lui faisant naître des occasions où il pouvait se distinguer. Il le choisit pour faire la campagne du Rhin, en 1734, avec les dix mille Prussiens qui y servirent dans les armées de l'Empereur. Cette campagne, stérile en grands événements, trompa l'attente de ce jeune courage qui brûlait de se distinguer. Les bons esprits savent tirer parti de tout : M. de Goltz étudia l'arrangement des subsistances, et dans peu, il fut supérieur à ses maîtres.

La campagne suivante, le Roi le plaça comme lieutenant-colonel dans le régiment de Cosel; mais la paix, qui survint immédiatement après, ramena M. de Goltz de la pratique de la guerre à la simple théorie. Il retourna en Prusse avec son régiment, où il reprit son ancienne étude, c'est-à-dire, celle des belles-lettres, étude si utile à ceux qui se vouent aux armes, que la plupart des grands capitaines y ont consacré leurs heures de loisir.

En 1740, après la mort de Frédéric-Guillaume, le Roi appela M. de Goltz, pour l'attacher à sa personne. La guerre de Silésie qui survint alors, fournit au militaire les plus belles occasions de se distinguer. M. de Goltz dressa la capitulation de Breslau;a il fut dépêché au prince Léopold d'Anhalt, avec ordre de donner l'assaut à la ville de Glogau. Il fut même des premiers qui escaladèrent les remparts, et après en avoir donné la nouvelle au Roi, il eut commission de hâter la marche de quatorze escadrons qui devaient joindre l'armée, et qui n'arrivèrent qu'à la fin de la bataille de Mollwitz. M. de Goltz s'en servit à poursuivre les ennemis dans leur fuite.

Ces services lui valurent la seigneurie de Kuttlau, dont le fief était venu à vaquer. Mais M. de Goltz, sensible aux bontés du Roi, préférait l'avantage de lui être utile à celui d'être récompensé. Laborieux comme il était, il ne pouvait pas manquer d'occasions pour satisfaire une aussi noble passion.

C'est surtout à la guerre que l'on reconnaît le prix de l'activité et de la vigilance. C'est là que la faveur se tait devant le


a Voyez t. II, p. 68.