« <229>en contribuant de leurs biens, les jeunes en payant de leurs personnes; si chacun veut agir comme pour soi, cessant de se flatter que d'autres agiront pour lui tandis qu'il restera oisif, vous rétablirez vos affaires à l'aide des dieux, et vous recouvrerez ce que la négligence vous a fait perdre. » Voici un autre passage, qui contient à peu près les mêmes choses, pris d'une harangue pour le gouvernement : « Écoutez, Athéniens, les deniers publics qui se perdent en dépenses superflues, vous devez les partager également, en vous rendant utiles, à savoir : ceux d'entre vous qui sont en âge de porter les armes, par les services militaires; ceux de vous qui ont passé cet âge, par des emplois de judicature et de police, ou enfin de quelque autre façon. Vous devez servir vous-mêmes, ne céder à personne cette fonction de citoyen, et composer vous-mêmes une armée qu'on puisse appeler celle de la république; par là vous ferez ce que la patrie exige de vous. » Voilà ce que Démosthène demandait des citoyens d'Athènes; voilà comme on pensait à Sparte, quoique le genre de gouvernement y fût oligarchique. Cette conformité de sentiments avait une raison toute simple : c'est qu'un État, de quelque nature qu'il soit, ne peut subsister, si tous les citoyens ne travaillent pas d'un commun accord au soutien de leur commune patrie. Repassons maintenant les exemples que nous fournit la république romaine; leur grand nombre m'embarrasse sur le choix. Je ne vous parlerai ni de Mucius Scévola, ni de Décius, ni de l'ancien Brutus, qui souscrivit l'arrêt de mort de son propre fils pour sauver la liberté publique; mais oublierai-je Atilius Régulus et la générosité avec laquelle il sacrifia son intérêt à celui de la république en retournant à Carthage pour y souffrir le dernier supplice? Voilà ensuite Scipion l'Africain qui se présente. Cette guerre qu'Annibal faisait en Italie, Scipion la transporte en Afrique, et il la termine glorieusement par une victoire décisive qu'il remporte sur les Carthaginois. Ensuite paraît Caton le censeur, un Paul-Émile, qui triomphe de Persée; là, c'est Caton d'Utique, ce zélé défenseur du gouvernement. Oublierai-je Cicéron, qui sauva sa patrie prête à succomber par les entreprises meurtrières de Catilina, ce Cicéron, qui défendit la liberté expirante de la république et qui périt avec elle? Voilà ce que