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281. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Ruppin, 7 février 1741.

Monsieur. Je viens de recevoir votre lettre du 5 de ce mois, accompagnée de celle que M. le Cardinal m'a bien voulu écrire. Comme j'en ai été charmé, je n'ai pas voulu différer d'y répondre, et je vous prie de lui faire tenir l'incluse, en l'assurant de mon amitié et de la haute estime que j'ai pour sa personne.

Quant à ce que vous m'avez voulu dire, touchant le projet du traité à faire avec la France, vous connaissez trop mes véritables inclinations pour cette couronne et le cas infini que je fais de l'amitié de Sa Majesté Très Chrétienne, pour douter en aucune manière de la droiture de mes sentiments et de la sincère envie que j'ai d'unir nos intérêts réciproques. Mais comme j'ai déjà instruit mon ministre d'État de Podewils de ce que je pense là-dessus, je vous prie de vouloir conférer avec lui, et d'ajouter foi à ce qu'il vous dira de ma part. Vous me rendrez aussi la justice de croire que je suis etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


282. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Ruppin, 7 février 1741.

Monsieur de Podewils. J'ai reçu votre représentation du 5 de ce mois par laquelle vous me faites part de la conversation que vous avez eue avec le marquis Valory. J'approuve la manière dont vous avez répondu à ses attaques, et je vois par vos réflexions sur la façon de traiter que vous êtes au fait des maximes et de l'intention de sa cour, contre laquelle nous avons sujet de nous mettre en garde. Au reste, ce ministre m'ayant écrit sur le même ton, je vous envoie sa lettre et ma réponse avec la copie, qui vous ouvrira le champ de lui détailler les raisons que j'ai de n'aller pas si vite dans l'affaire en question. Je me fie à votre savoir-faire et dextérité et je suis etc.

Federic.

P.S.

Vous éviterez soigneusement de donner de l'ombrage au marquis de Valory, parce qu'il convient à mes intérêts de conserver la France, en cas que les Maritimes et la Russie voulussent faireles méchantes. C'est pourquoi vous devez fortifier l'espérance du susdit ministre que je suis véritablement porté pour une alliance avec le Roi son maître, en lui faisant comprendre que les éclaircissements demandés sur les points en question étant fondés sur la raison et tendant au même but, on aurait tort de s'en alarmer; que, quoique je me trouve de l'inclination pour une liaison avec l'électeur de Bavière, auquel je souhaite de donner ma