<300>demandait en Silésie, pour sauver le reste; que c'était aucaprice et à l'opiniâtreté de cette cour même qu'il fallait s'en prendre, si la balance de l'Europe et le salut de l'Empire en souffraient; qu'on ne saurait jamais exiger du Roi qu'il dût sauver l'une et l'autre par des sacrifices et aux dépens de ses intérêts; que c'était à la reine de Hongrie, en tout cas, de conjurer l'orage et de faire des sacrifices;que le Roi avait plusieurs devoirs à remplir; que ce qu'il devait comme roi de Prusse à sa maison et à sa postérité et aux droits de ses ancêtres, était le premier soin qui devait naturellement l'occuper; que les autres considérations ne faisaient que suivre; que comme roi de Prusse et électeur de l'Empire il concourrait également à tout ce qui pouvait servir au maintien du repos de l'Europe et à la conservation de l'Empire, mais qu'il ne pouvaitfaire l'un et l'autre aux dépens de ses intérêts; qu'il ne connaissait point de puissance dans et hors de l'Empire qui le voulût faire à ce prix-là.

Le sieur Robinson insista qu'on fît dresser une espèce de préliminaire, et que le Roi déclarât qu'il voulait en tout cas, et s'il yavait moyen d'obtenir la cession de Glogau de la reine de Hongrie, s'en contenter avec les autres offres que le sieur Robinson avait faites au nom de cette princesse.

Mais le Roi répondit qu'il ne pouvait se départir de sa demande de la cession totale et absoluede toute la Basse-Silésie, la ville de Breslau y comprise, et que c'était une illusion que de se flatter qu'il manquerait de fermeté pour soutenir cette demande.

Le sieur Robinson répondit qu'il ne lui restait qu'à faire rapport au Roi son maître et à la reine de Hongrie du succès de sa commission et de la réponse qu'on lui avait donnée, et qu'il était à craindre qu'elle ne jetât la cour de Vienne au désespoir, et qu'elle ne se mît entre les bras de la France.

Le Roi répliqua qu'il n'ysaurait que faire, et qu'il faudrait voir alors comment se tirer d'affaire; que la providence et les conjonctures lui fourniraient toujours des ressources; que c'était à la cour de Vienne de bien considérer ses véritables intérêts, et de faire des propositions plus acceptables; qu'il en avait assez fait de son côté, et que le cœur lui soulevait comme à une femme grosse, quand on lui parlait toujours de nouveaux ultimatum; qu'il en avait tant donné déjà, sans que cela ait produit autre chose que de rendre son ennemi plus fier et plus opiniâtre, et qu'au bout de compte, c'était au vainqueur de donner la loi et point au vaincu; qu'il avait gagné une bataille et pris deux villes; qu'étant dans l'avantage, il serait honteuxà lui d'abandonner ses droits et un peuple protestant; que, si le zèle pour la religion pouvait animer les puissances protestantes, cela devrait être dans cette occasion-ci, à concourir plutôt à conserver un pauvre pays protestant, opprimé par le clergé catholique, sous la domination d'un prince protestant, que de le replonger dans ses premiers malheurs, qui deviendraient beaucoup plus