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Je le prendrai, moi personnellement, comme une marque de l'amitié et des égards que le Roi votre maître a pour moi, s'il continue le maréchal de Belle-Isle dans le poste qu'il lui a donné, et je vous le demande à vous personnellement comme la plus grande marque d'amitié que vous puissiez me donner.

Tout dépend dans le monde du choix des hommes capables que l'on emploie, et M. de Belle-Isle peut être compté dans son métier au rang des plus grands hommes.

Je vous félicite, Monsieur, de tout mon cœur, du succès de vos armes dans la surprise de Prague, mais surtout du chef-d'œuvre de votre sagacité, opéré par le ministère de La Chétardie dans la dernière révolution de l'empire moscovite. Personne plus que moi ne saurait prendre une part plus sincère à ce qui arrive d'heureux à la France et de glorieux à votre ministère; cela ne peut qu'augmenter les sentiments d'estime et de considération particulière avec lesquels je suis inviolablement, Monsieur mon Cousin, votre très affectionné et fidèle ami et cousin

Federic.

Pour Dieu et pour votre gloire, délivrez-nous du maréchal de Broglie, et pour l'honneur des troupes françaises, rendez-nous le maréchal de Belle-Isle.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


640. AU GRAND-MAITRE DE L'ARTILLERIE BARON DE SCHMETTAU A PRAGUE.

Berlin, 21 décembre 1741.

Votre relation du 17 sous N° 23 m'est bien parvenue par le courrier du Prince Léopold, et j'ai été très satisfait d'y voir que les troupes saxonnes viendront d'être postées de la manière que je l'ai proposé; et, pour plus grande sûreté de mes troupes qui s'avancent, j'espère qu'on prendra les mesures pour occuper en même temps par les Saxons Hohenmauth et Leutomischl, afin que l'ennemi ne s'y puisse nicher, le prince Léopold d'Anhalt me mandant qu'autrement les régiments avancés de mes troupes, comme Derschau, Jeetz et Prince-Maurice, n'auront guère de repos et courraient grand risque d'y être affrontés par l'ennemi. C'est ce qu'il faut pourtant absolument éviter. La nouvelle du changement du maréchal de Belle-Isle avec le-maréchal de Broglie ne me plaît nullement, et j'ai trouvé très nécessaire d'en écrire une lettre au Cardinal, laquelle j'ai envoyée par un courrier exprès. Vous trouverez ci-jointe la copie de ma dite lettre, laquelle vous devez montrer sans la moindre perte de temps au maréchal de Belle-Isle; et certainement, si ledit changement n'est redressé, cela dérangerait infiniment nos affaires, qui à l'heure qu'il est sont dans un très bon pli.