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Sedlitz, 28 [octobre 1756].

Ma très chère Sœur. J'ai eu le bonheur de recevoir aujourd'hui trois de vos lettres, par lesquelles je vois que vous avez reçu les miennes. Je vous ai écrit avec la plus grande exactitude, mais je vous conjure de ne point ajouter foi à toutes les nouvelles que mes ennemis débitent. J'ai retiré mes troupes de la Bohême, parceque la rigueur de la saison nous empêchait d'enfoncer davantage les piquets en terre. Nous aurons encore cette arrière-saison quelque affaire de détachements, mais point de batailles; le gros de la guerre se fera l'année qui vient ; nous trouverons de la besogne, mais je ne crains rien et je me tirerai d'affaire. Je vous rends mille grâces de la part que vous prenez à ce qui me regarde; je vous conjure pour vous-même — ce qui est ce que j'ai du plus précieux au monde — de ne vous point inquiéter et d'attendre tranquillement les nouvelles que je vous donnerai, qui ne seront ni augmentées ni diminuées. Je crois vous avoir devinée, vous me comprenez; à présent, ma chère sœur, les mensonges des gazetiers auront cours, tout cela n'est que du bruit, et nous ne dirons rien qu'à bonnes enseignes. Je vous embrasse mille fois, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, ma très chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


8259. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Sedlitz, 28 octobre 1756.

Ma très chère Sœur. Je vous rends mille grâces de la part que vous daignez prendre aux avantages que mes troupes ont remportés sur les Autrichiens et les Saxons; ceci, ma chère sœur, sont de faibles commencements; l'année qui vient, la chose deviendra plus sérieuse. Je vous conjure de lire mes deux exposés tant contre les Autrichiens1 que les Saxons,2 vous verrez la nécessité qui m'a forcé d'agir; certainement ce n'était pas de propos délibéré, et je vous jure que le moment le plus heureux de ma vie sera celui qui ramènera la paix, pourvu qu'elle soit bonne et stable. Je vous embrasse mille fois; si ceci est une fois terminé heureusement, je me flatte de me trouver en situation de vous être plus utile que je ne l'ai été par le passé, vous assurant de la tendresse avec laquelle je suis, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Vergl. S. 326 Anm. 2.

2 Vergl. S. 322 Anm. 5.