<205> s'étaient jetés dans cette ville, une partie des fuyards s'étaient retirés au delà de la Sazawa à Beneschau. L'armée prussienne fit l'investiture de la ville et prit des postes pour bloquer cette armée. Un détachement sous les ordres du colonel Puttkammer fut envoyé pour poursuivre les fuyards, et, sur les nouvelles que l'on, eut que le maréchal Daun s'approchait avec un corps de Bœhmisch-Brod, le général Zieten y fut envoyé premièrement, et ensuite le prince de Bevern, pouf l'éloigner et donner à ceux qui bloquaient Prague, le temps de prendre leurs établissements.

L'on s'empara du Ziskaberg,1 qui coûta peu de monde. L'armée du Roi occupa les hauteurs depuis Podbaba, Lieben, le Ziska, Michle jusqu'à Branik, où le pont de communication fut établi. Prague est une mauvaise place, dominée par des hauteurs de tous les côtés, et dont on se peut rendre maître sans grande perte de monde ni de temps, lorsque la garnison est faible. Alors il y avait 40,000 hommes, selon l'évaluation arbitraire que l'on en faisait. Il était impossible d'ouvrir la tranchée devant une armée; donner un assaut, c'aurait été se jouer de la vie des hommes et hasarder plus que la prudence ne le permet à la guerre; il ne restait donc de moyen de s'emparer de la place que par la famine.

Comme la ville était pourvue, et que l'on était instruit des endroits où les ennemis avaient leurs boulangeries et leurs dépôts principaux, on résolut de les brûler au moyen du bombardement. Les batteries furent aussitôt faites et l'artillerie placée. Du côté du Roi, une batterie fut placée au Ziska, l'autre vers la Porte Neuve et la troisième vers le Wischerad. Du côté du maréchal Keith, on construisit une batterie vers le Strahow. L'ennemi voulut déranger cet ouvrage et fit dessus une sortie vigoureuse, mais il fut repoussé avec perte de 1200 hommes, et le prince Ferdinand de Prusse le poursuivit jusqu'à 300 pas du chemin couvert, après quoi il se retira.2 Quelques jours après, l'ennemi voulut faire une sortie du côté du Wischerad,3 et en se formant, il prêta le flanc à deux redoutes que nous avions du côté de la Moldau, dont le canon l'obligea de se retirer avec confusion, sans rien entreprendre. Quelque temps après, l'ennemi fit une sortie du petit-côté et s'empara d'une flèche,4 où nous avions 30 hommes qui se retirèrent, et il leur enleva 3 pièces de canon.

Nous n'eûmes pas seulement à combattre contre les ennemis, mais même contre les éléments. Il survint un gros orage accompagné de grêle, des nuages crevèrent dans les montagnes qui firent à moins de 2 heures enfler les eaux de la Moldau, qui crurent de 8 pieds. Le pont de Branik fut emporté dans le moment, sans qu'on y put porter remède, le courant l'entraîna tout droit à Prague. L'ennemi y prit 24 de



1 9. Mai. Vergl. S. 23.

2 In der Nacht zum 24. Mai.. Vergl. S. 74—76.

3 1. Juni. Vergl. S. 108. 111. 118.

4 In der Nacht zum 3. Jnni. Vergl. S. 119.