8942. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH A WELESLAWIN.

[Au camp de Prague,] 15 [mai 1757].

J'espère, mon cher Maréchal, qu'entre ci et quatre semaines nous tiendrons bon compte des gens qui sont à Prague. Je voyais un peu noir, en vous écrivant ma dernière lettre;38-5 mais les dépositions des déserteurs me sont si favorables que j'ai tout lieu d'espérer que mon entreprise ne sera pas tout-à-fait vaine, et que d'une façon ou de l'autre j'en tirerai bon parti; il ne faut penser qu'à une paix solide et à point de paix plâtrée, j'espère d'avoir le dernier écu et de la leur prescrire.<39> Je ne compte d'employer que 30,000 hommes contre les Français; peut-être que c'est leur faire trop d'honneur. Il est très bon de nous débarrasser des blessés; si ce n'est autre chose, cela facilite la subsistance et met ces pauvres gens plus à leur aise et en sûreté.

Ce ne sera qu'à la dernière nécessité que je lèverai le siège de la ville, mais j'espère n'en avoir pas besoin, si je gagne quatre semaines. Le fourrage manque dans la ville, et deux magasins considérables sont situés sous nos batteries. Le commun soldat est découragé, fatigué et souffre la misère, nos bombes et nos boulets rouges les amuseront pendant sept jours. Dieu en employa six, à ce que dit Moïse, pour faire le monde; je crois que sept suffisent pour achever de renverser des cervelles à moitié tournées.

Voilà mon raisonnement le moment présent. Si tout cela me manque, contre toute apparence, il sera toujours temps de choisir un parti plus modéré. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



38-5 Nr. 8941.