8992. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Camp de Prague, 25 mai 1757.

J'ai reçu votre rapport du 14 de ce mois, sur lequel il faut que je vous dise qu'avant toutes choses les avis et les nouvelles de France me sont dans les circonstances présentes très intéressants et très nécessaires pour mon intelligence, afin de savoir si, après ce qui s'est<82> passé ici en Bohême, la France prendra un parti vif, ou si elle se trouve consternée par lesdits évènements et n'agira, en attendant les autres succès, que mollement.

Au surplus, les succès dont le Ciel a béni jusqu'à présent mes armes ici, ont déjà si bien opéré que, sur l'approche d'une couple de bataillons que j'avais envoyés pour ruiner, comme ils ont fait, les magasins très considérables que les Autrichiens avaient amassés dans la ville de Pilsen et aux environs vers le Haut-Palatinat, où ils se virent obligés d'entrer pour retourner vers ici, l'électeur de Bavière vient de m'envoyer son colonel et chambellan baron de Montgelas,82-1 pour me déclarer que son intention n'avait jamais été de faire quelque chose qui saurait me donner du mécontentement contre lui, et qu'il était prêt d'observer une neutralité exacte pendant cette guerre, de renoncer aux engagements qu'il avait pris antérieurement en contraire, et de ne point donner le contingent que la cour de Vienne avait extorqué de lui comme de plusieurs co-États de l'Empire.

Au reste, depuis la bataille jusqu'à présent je me suis occupé d'investir la ville de Prague de tous côtés, comme la plus grande partie de l'armée autrichienne s'y est jetée, de sorte qu'on évalue le nombre de la garnison à passé 35,000 hommes, qui n'en a pas pu sortir, nonobstant les différentes tentatives qu'elle a faites, mais où elle a été rejetée toujours avec des pertes considérables; je n'attends que mon artillerie pesante, pour voir alors si je forcerai la garnison de sortir malgré elle, ou de se rendre.

Et comme il y a encore un corps d'armée autrichienne de 20,000 hommes à peu près en Bohême sous les ordres du maréchal Leopold Daun, qui se trouva le jour de l'action à Bœhmisch-Brod, mais qui, sur la nouvelle de la défaite de la grande armée, se retira sur Nimburg, j'ai détaché sur-le-champ le lieutenant-général prince de Bevern pour le talonner, qui l'a poussé jusqu'à Czaslau, en lui enlevant en même temps plusieurs magasins considérables,82-2 et qui le rejettera encore plus loin en arrière vers la Moravie.

Federic.

Nach dem Concept.



82-1 Vergl. Nr. 8986 und S. 92.

82-2 Vergl. Nr. 8988.