10512. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Schweidnitz, 10 novembre 1758.

Mon cher Frère. Nous voilà donc arrangés avec notre plan, et les trois colonnes qui pénétreront ensemble par divers côtés, jointes au corps de Zieten, mettront les ennemis dans une grande confusion, et nous les renverrons sûrement au delà de la Queiss bien battus et accommodés de toutes pièces. Je crois que ce sera la dernière scène de notre campagne. Pour ce qui regarde votre charriage, pain, cuisson et fours, je l'établirai à Striegau ou peut-être à Jauer, d'où la boulangerie pourra fournir commodément l'armée. Voilà, mon cher frère, tout ce que je peux faire selon la situation où je me trouve; j'abandonne l'évènement au hasard qui dispose souverainement de tout dans le monde.

Je viens de recevoir une vieille lettre de Schmettau du 1er de ce mois, mais elle ne dit rien de Daun et ne contient d'autres particularités, sinon que ces troupes du prince de Deux-Ponts qui avaient passé l'Elbe et s'étaient avancées à Kœnigsbruck,364-2 s'étaient repliées sur Neustadt, et que Schmettau suppose qu'elles repasseront l'Elbe auprès de Pirna.

Dès après-demain, nous verrons clair dans tous les desseins des ennemis, et nous pourrons prendre nos mesures en conséquence.

Adieu, mon cher frère, je vous enverrai demain mon itinéraire,364-3 pour que vos lettres sachent où me trouver. Je vous embrasse bien tendrement, vous assurant de l'estime infinie avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



364-2 Vergl. S. 335. 348. Anm. 7.

364-3 Vergl. Nr. 10516.