<42> a très grande envie de tirer son épingle du jeu et de s'accorder avec l'Angleterre, de sorte que, pourvu que celle-ci ne mette sa paix à un trop haut prix, les choses pourront bien être menées à une bonne paix. J'ai prié, au reste, le Prince héréditaire de vouloir bien suspendre le retour avec son corps de troupes de quelques jours de plus encore, puisque cela me favorisera extrêmement, pour assembler encore les provisions les plus nécessaires à mes magasins.

Je vous suis très obligé de la communication importante que vous m'avez faite; il y a tout lieu d'espérer que la France fera sa paix, et je crois que cela pourra se conclure au mois de février ou de mars. Si cela arrive, nous serons hors d'affaire, sinon, vous pouvez juger vousmême si j'ai tort dans les tristes pronostics que j'ai formés. Je n'ose pas m'expliquer plus librement, mais mon neveu, que je mets au fait des moindres détails, pourra vous en rendre compte. Adieu, mon cher, je vous embrasse de tout mon cœur.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.


11777. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Freiberg, 24 janvier 1760.

Après que j'avais dépêché mon courrier avec la lettre que je vous [ai] écrite hier,1 on vient de me faire communication d'une lettre écrite de M. de Choiseul, ministre de France à la cour de Vienne, qui a été interceptée à son passage en France, et dont l'on a pris copie pour me l'envoyer.2 Cette lettre m'a paru aussi intéressante, par toutes les circonstances qu'elle comprend, que je n'ai pu m'empêcher de vous la faire communiquer toute au long et mot à mot, insérée ici.

de Vienne, le 3 janvier 1760.

Il est arrivé quelques fois deux courriers par jour de l'année du maréchal Daun. Selon les derniers avis reçus de ce général, ses dispositions sont si bien prises qu'il lui semble impossible que le roi de Prusse l'attaque, de sorte qu'il pourrait se soutenir tout l'hiver dans sa position, si les vivres et les fourrages s'y trouvaient en abondance. Mais, malgré toutes les précautions qu'on prend, M. Daun a été obligé de diminuer les rations de pain et de fourrage, et, si malheureusement les choses restaient encore quinze jours ou trois semaines dans cet état d'indécision, M. Daun serait obligé de rentrer en Bohême et d'abandonner la Saxe. Les voitures n'osent presque plus s'exposer, à moins de forts détachements, dans la crainte d'être arrêtées par les ennemis, dont différents partis rôdent de tous côtés. On a longtemps délibéré dans le conseil si on n'enverrait pas ordre à M. Daun de se retirer; mais, après de longues délibérations, il a été enfin arrêté d'envoyer à peu près 2500 hommes, tirés en partie de la garnison de Prague, sur la frontière de la Bohême, pour arrêter



1 Vergl. Nr. 11774.

2 Vergl. Nr. 11776.